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24 novembre 2012 6 24 /11 /novembre /2012 11:43

Munch m’avait offert une de ses toiles à Noël. Une très grande toile que j’avais accrochée dans mon couloir. Un couple désuni égaré dans un champ enneigé. Ils ne se regardent pas. Ils sont dos à dos. Leurs regards sont effrayés. La femme à des longs cheveux blonds virevoltant, elle porte une longue robe écrue en mouvement dans l’air. L’homme est brun et maigre. Leurs pieds son sur un tapis de plumes. L’homme à des cernes sous ses yeux bleu, il ressemble beaucoup au peintre qu’il était. Il y’a des arbres en dernier plan, leurs cimes dans l’aube bleutée. On à l’impression que le paysage bouge,  le vent tourne en spirale, décoiffe les herbes. Munch s’intéressait aux photos mouvementées des films. Au cinéma les gens avaient peur du train roulant vers eux comme si il allait les écraser. C’était si nouveau, si réaliste. Ca inspirait l’artiste. Munch et moi nous avions fait du patin à glace sur la place du village, et mangeait des chichis. Les rues étaient illuminées. On est rentré chez moi, nous avions beaucoup bu. Il faisait froid. C’était un taudis. Des tapisseries moisies, les murs humides, le carrelage jauni et fissuré. Des cafards dans l’évier. Le robinet qui goutte. Nous étions dans le fauteuil collé l’un contre l’autre devant la cheminée, on mangeait des marrons glacés et nous buvions du vin de pèche. Edward avait même pris une photo de moi. Un beau portrait de moi, c’est le seule cliché de moi. Il n’aimait pas que peindre, il s’intéressait à la photographie. J’avais mis un disque, Tchaïkovski. Dans le ciel deux lunes qu’on voyait par la fenêtre, l une plus grosse que l’autre. Et les flocons. J’avais dansé pour lui.  C’était même mon métier, j’étais danseuse étoile dans un cabaret, mais je gagnais une misère. Une foi le loyer payé, j’avais à peine de quoi survivre. Le peintre m’avait préparé des repas, donné quelques mets pour me dépanner.  Edward se soir là désirait que je pose pour lui toute nue. Il voulait me payer cent francs. Je voulais qu’il patiente un peu, j’avais abusé des chocolats, j’avais grossi. Je voulais mincir. Je ne voulais pas montrer mon corps ainsi. Pourtant lui me trouvait fine mais il n’a pas insisté. Je  me suis dénudée en parole, j’ai raconté mon enfance. Lorsque mon père me frappait. Ce soir là on a  fait l’amour dans le noir. Ma silhouette disgracieuse s’emboitait en lui. C’était juste un soir, ça se passait mal avec sa fiancé. Faut dire qu’il buvait trop. J’étais si amoureuse de lui. J’ai eu un peu mal au début, j’ai saigné. Le lendemain matin je me suis réveillé en lui, il dormait dans mes draps, entre mes bras. Je savais qu’il retournerait chez sa femme, il était amoureux, il m’avait beaucoup parlé d’elle. Dans son sommeil il murmurait son nom. J’étais juste une gourmandise d’un soir.  Alors je me suis faufilée dans la salle d’eau avant qu’il me découvre. Car on avait fait l’amour dans noir. Les vitraux géométriques or et bleus étaient cassés, des morceaux de verres étaient éparpillés dans la baignoire. Une chouette perchée sur le sèche-linge hululait. Elle avait d’immenses yeux jaunes.  Très expressifs. Et un plumage soyeux. Mais elle était blessée tout autour de son bec, elle avait l’air triste. C’est elle. Elle avait fendu la vitre dans la nuit. Edward m’avait dépucelé cette même nuit, déchiré mon hymen. La fenêtre était brisée, une intruse m’habitait depuis. J’ai remplis ma baignoire. Les bouts de verres sont restés au fond. J’avais encore le sexe humide, les restes de l’amour. J’ai plongé mon corps. Me suis assise dans l’eau chaude. Les bouts de verres sont entrés dans ma peau, créaient des meurtrissures.  L’eau devenait rose. Je ne criais même pas, j’étais extrêmement pâle de plus en plus pâle. La chouette me regardait d’un air satisfait. J’ai retiré le bouchon de la baignoire. Je n’arrivais même plus à bouger, j’étais toute molle,  je me sentais partout, je me sentais liquide comme mon sang, le siphon m’avalait brin par brins. Avalait mes membres spaghettis. 

La chouette était la fiancée d’Edward, elle voulait ma mort. La nuit c’était fini pour eux, à l’aube ils étaient désunis. Il avait peins le reflet de sa vie dans la toile. Son amour c’était métamorphosée en dame. Il m’avait aussi pris pour un hibou. Je ne l’étais pas.  Lui était une moitié d’hibou. La nuit puis le jour.  Moi je n’étais pas sa moitié d’hibou. 430589_423393901048937_1437235169_n.jpg

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commentaires

S
C'est beau ce que tu écrit ma fée j'aime beaucoup l'image mais reste avec moi ma douce ne te fais pas aspiré par le siphon belle amour entre l'hibou bonne journée bisous féerique evy

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  • : Mon univers sombre et féérique...Je m'appelle Prisca Poiraudeau,une rêveuse gothique, je suis passionné d'art...
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