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23 novembre 2016 3 23 /11 /novembre /2016 20:34

Le parfum des fantômes

Le lapin blanc. Snow. Mort d’une crise cardiaque dans le cabinet de la clinique vétérinaire. La propriétaire en larmes : une jeune fille nommé Lorène. La stagiaire, a peu prés du même âge, la serre dans ses bras pour la consoler. Elle s’appelle Violette Ours, elle étudie par correspondance le métier d’auxiliaire vétérinaire. C’est dans ses tragiques circonstances qu’elles se sont rencontrées.

*

Violette Ours  vît avec sa grand-mère Alice Ours dans la Creuse. 31 octobre 2017 elle fête ces 18 ans. Sa grand-mère a commandé un beau gâteau chez le pâtissier. C’est un gâteau au chocolat de forme ronde recouvert de sucre glace qui évoque la neige.  Un corbeau en chocolat est posé dessus et il a laissé ses empreintes dans la neige. Il sera au goût de Violette. Cela sera l’envol d’Edgard Allan Poe. C’est le nom d’une lame d’un oracle qu’elle utilise.  Son père Ali Ours est mort dans un accident de voiture. Et elle ne s’entend pas bien avec sa mère Ariane Loiseau. Elle est alcoolique. Violette pense qu’elle ne l’aime pas. C’est pour ça qu’elle vît chez Alice sa grand-mère. Sa chienne noire, un berger picard s’appelle Cléopâtre. Violette est une jeune fille frêle. Un visage ovale et pâle. Des yeux émeraude-glacé. Des cheveux noirs corbeau mi long. Elle a un look gothique. Elle est coquette néanmoins le jour de son anniversaire elle n’en fait pas plus que les autres jours…Elle se vêt d’une jolie robe fuseau, style rétro, noir avec de la dentelle mauve. Maquille ses yeux d’un noir intense. Ses lèvres d’un rose cerise. Dans la salle d’eau où elle se prépare flotte le parfum de sa grand-mère. De la violette mêlé à la rose ancienne. Sa meilleure amie Lorène vient pour le goûter, ensuite elles iront en ville. Violette à un vieux solex, Lorène montra à l’arrière.

Lorène entre dans le jardin d’Alice enchanté par la lumière d’automne.  Les arbres éparpillent des ombres mouvantes ou des pans de lumières. Elle ne sait pas trop bien. Cléopâtre s’avance vers Lorène qui la caresse. Des feuilles mortes s’envolent. Les lanternes chinoises se balancent au gré du vent. Lorène est sous le vieux chêne et découvre le jardin. La chienne la suit. Le thym. La lavande.  Les grosses citrouilles et l’entortillement de leurs épaisses tiges munies de grandes feuilles rugueuses comme la langue d’un chat. Elle a tressé ses cheveux blonds. Elle est vêtue d’une robe noire style gothique et d’une petite veste en simili cuir à la fermeture éclaire doré. Ses yeux or sont maquillés de vert. Elle revient sur ses pas et fait sonner la cloche. La petite grand mère Alice aux longs cheveux blancs, toute frêle et au dos bien droit ouvre la porte. Elle est vêtue d’une robe à fleurs. Un feu de cheminée crépite. Et la table est dressée. Un bouquet de houe décore la table ronde avec une jolie nappe en soi verte. Trois petites assiettes en porcelaine, des entrelacs de fleurs dorés sont dessinés sur un fond noir. Des verres en cristaux dont des roses sont gravés en relief.  Une bouteille de vin de pèche est  posée sur la table.  Lorène retire sa veste, et le suspend au porte manteau et sort de son sac en bandoulière un cadeau.  Alice la complimente au sujet de sa robe. Violette apparaît à l’entrée de sa chambre sous la lumière blafarde du jour qui contraste avec la pénombre de la salle à manger. Elle sourit.  Et vient faire une bise chaleureuse à son amie.

-J’étudiais dit Violette.

Dans la cuisine Lorène aide Alice à mettre les bougies sur le gâteau et à les allumer. Elles reviennent avec, en chantant « Joyeux anniversaire… » On dirait des flambeaux. Violette souffle ses dix huit bougies d’un seul long souffle.

Violette découvre son cadeau. C’est un livre. Un vieux livre. Nommé Le corbeau de chine.  L’auteur est anonyme.

-C’est un conte de chine un peu philosophique…On y parle de vie et de mort. De jeunesse et de vieillesse. Je l’ai trouvé dans une brocante. Lui explique Lorène.

Le gâteau au chocolat est moelleux et à une saveur de noisettes. Après ce gouter, Violette chevauche son solex, Lorène monte à l’arrière. Se cramponne à Violette. Leurs cheveux virevoltent au vent. La route est vallonnée.  C’est un parfum de liberté qui flotte. Elles ont le cœur léger empli de joie.

Elles vont au cinéma regarder Les animaux fantastiques  et commande des sodas. Orangina et coca cola. Qu’elles boivent à la paille. Devant le film, dans l’obscurité de la salle, Violette prend la main de Lorène dans la sienne, et bise sa nuque. Celle-ci l’embrasse sur la bouche. Elles ont des frissons au bout des doigts.

*

Alice est morte à la fin de l’automne. Une nuit où il neigeait. Très tôt le matin Violette, en proie aux sanglots a téléphoné à Lorène qui est venue au plus vite, la rejoindre au chevet du lit d’Alice. Le médecin est arrivé en fin de matinée.

*

Il flottait encore dans la cuisine ce parfum de café et de pain grillé. Et dans la salle de bain le parfum d’Alice était là. Ainsi que le flacon en cristal bleu. Une senteur ineffaçable de rose et de violette. Les jours passaient. Le parfum d’Alice demeurait intact dans la maison. Comme si elle était toujours là.

*

C’est le 25 décembre que les deux jeunes filles se sont mariées en  robes blanches. En intimité. Dans une petite chapelle dans les bois. Il n y avait aucun invité. Seul Cléopâtre était là. Assise fièrement. Les flammes des cierges vacillaient dans le courant d’air. Le portail était ouvert. Quelques flocons de neige s’envolaient dans la chapelle…Surgit de la tempête de Neige un lapin blanc entra. Il ressemblait comme deux gouttes d’eaux à Snow…La chienne ne lui dit rien.

Le prête procéda aux noces. D’un ton solennel.  

« …pour le meilleur et pour le pire. Violette Ours voulait vous épouser Lorène Le Prince ici présente ?

-Oui je le veux.

Lorène voulait vous épouser Violette Ours ici présente ?

-Oui je le veux.

Par les liens sacrés du mariage je vous unie. »

Elles étaient l’une en face de l’autre. Le regard amoureux. De la main gauche, celle du cœur, Lorène pris la petite main de Violette. Toute froide. Leurs bouches s’approchèrent l’une de l’autre. Les lèvres de Lorène semblait glacé et elle disparue d’un baiser. Violette se retourna sur elle-même. Plusieurs fois. Il y avait un lapin blanc. Mais Lorène s’était volatilisée. Et le prête qui était à l’instant devant elles, n’était plus là. Lui aussi. Violette frissonna violement. Elle vacilla sur ses jambes.  

Violette sentait la présence de sa grand-mère. Dans son dos. Son parfum flottait. Et une douceur enveloppait ses épaules endolories. Elle fît un pas sur les dalles froides. Ses souliers blancs tintèrent. Dehors elle entendait les cris des corbeaux. Violette prit dans ses bras le lapin et le serra contre elle. Ses poils étaient extrêmement doux et ses yeux ovales extrêmement bleue.  En larmes Violette emprunta le petit chemin pour rentrer chez elle.  Non sans peine, elle vacillait en sanglotant. Comme si elle avait bu.  La chienne la suivait. La veillait.

*

Elle devait se marier le 25 décembre. Mais deux jours avant, Lorène avait emprunté le vieux solex de Violette pour aller acheter du pain à la boulangerie. Il y avait du verglas sur la route. Dans un virage, elle perdit le contrôle de sa trajectoire, et percuta un arbre. Lorène fût projetée dans le ravin. La tête fracassée contre une roche. Du sang dans sa chevelure. Et de la mousse d’arbre. Son visage était intacte, diaphane comme la neige. Mais ses membres (bras et jambes) étaient en étoile. Une jambe était démantelée.

Sur le journal facebook de Violette il y a les photos de son anniversaire. Des photos de sa grand-mère,  des photos de sa chienne, des photos de Lorène mais aussi des selfies à deux.  Des selfies complices et amoureux. Lorène était étudiante en lettres. Et n’avait pas de famille. La mort de Snow avait réanimé l’immense vide dans son cœur. Mais Violette la réconforta. D’une mort était né un amour. Lorène s’était attachée à la douce grand-mère de Violette et n’avait pas trouvé qu’une âme sœur, mais aussi une famille. Rapidement elle avait quitté son logement froid d’étudiante pour venir s’installer avec son amoureuse.

Violette pleurait sur son oreiller, étendue à plat ventre, sur son lit. La chienne couchait à ses pieds. Sur sa table de chevet il y avait une boite de somnifères et des antidépresseurs et le livre Le corbeau de chine que Lorène lui avait offert.  L’ordinateur était allumé. Facebook. Snow N°2, le lapin blanc, était assis sur un manuelle ouvert. L’ombre de ses grandes oreilles se projetait sur le mur. Par la fenêtre, il neigeait, et la nuit tombait. Une lune floutée apparaissait dans les branchages de la forêt électrifiée.

Le parfum des fantômes
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