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31 mai 2014 6 31 /05 /mai /2014 18:18

poupée gothique

C’est une étrange maison. Un enfant aurait pu la dessiner. Moi par exemple, une maison avec presque pas de fenêtre. Elle a peut-être été dessiné par l’enfant d’un architecte, et l’architecte à matérialisé son rêve. Et toutes ses histoires fantastiques de fées et de fantômes sont devenues réelles. Cette maison a deux ouvertures seulement. Au rez de chaussé, la porte d’entré au milieu, et une fenêtre alignée avec elle à l’étage. Les volets de la fenêtre sont clos. La maison est complètement refermée sur elle-même. Dans son intérieur. On l’appelle la maison du vampire. Seul un albinos ou un vampire pourrait y vivre. Il doit y faire très sombre à l’intérieur. Le haut portail n’est pas aligné avec la porte. La maison apparait au milieu des ronces. C’est une maison ancienne, datant du XIXème siècle, plutôt élégante mais austère. Inquiétante. On aurait pu y tourner des films d’horreurs. Je l’ai mise à vendre sur le bon coin. Qui aimerait y vivre ? Un cinéaste qui se prend pour John Carpenter ? En fait cette maison ne me fait plus peur, je sais qui se cache derrière ses murs, c’est juste que je la trouve un peu triste, même le jardin semble à l’abandon. Il y a bien un prunier, dont les prunes couleurs or tombent et pourrissent sur le sol. Les bras du fruitier dépassent dans la rue…On serait tenté d’en cueillir une, et même de remplir son panier, si on n’avait pas lu des contes. Après tout on ne voit personne, la maison semble inhabitée, quel gâchis de laissé pourrir ses prunes ! Je m’appelle Lila, j’ai les cheveux d’ambre, j’en ai cueillis une, j’ai croqué ce fruit si sucré, si juteux…Et le portail s’est ouvert tout seul en grinçant.  Intriguée, je me suis avancée dans le jardin. La porte d’entré s’est ouverte. Je me suis approchée timidement du seuil. Ça sentait le renfermé, les toiles d’araignées pendouillaient dans cet étroit couloir.

-Il y a quelqu’un ?

Et l’écho me répond.

-Il y a quelqu’un. 

Alors s’il y a quelqu’un, je rentre, et la porte se referme sur moi. Il me faut quelques minutes pour que mes yeux s’habituent à l’obscurité, je ne suis pas un chat…

J’ouvre la porte sur le côté gauche, c’est une cuisine, dont l’horloge rythme le temps. Une corbeille de fruits posée sur une table ronde, recouverte d’une nappe brodée en tissu. Et des chaises de style baroque tout autour. Le portrait ovale d’une petite fille pâle aux cheveux blancs, belle comme une poupée de porcelaine. J’ouvre la porte au fond du couloir, derrière l’escalier en pierre, il y a les toilettes. Je monte à l’étage et découvre la chambre d’une jeune fille. Un ours assit sur le lit. Une poupée couchée dans un landau. Un service à poupée posé sur une petite table basse. Des peluches assises autour de la table prenant le thé. Un petit train à vapeur glissant sur des rails. Sur le sol un puzzle de la belle au bois dormant a moitié fait…Un clown posé sur une étagère. Une bibliothèque avec des livres pour enfants.

Une forme a surgit du placard, j’ai sursauté. Mais ce n’était qu’une jeune fille rigolant. La même que sur le portrait. Elle avait des toiles d’araignées dans ses cils et ses cheveux.

-Comment t’appelles-tu ? Moi, c’est Lila.

-Enchantée ! Moi, je m’appelle Suzie.

-Que fais-tu ici, toute seule, dans l’obscurité ?  

-Je n’ai plus personne, mon créateur est mort il y a deux cents ans. Je suis albinos, c’est pour ça que je vis dans le noir. Mais j’ai un ami, c’est Gaspard le fantôme. Il est gentil !

-Ton créateur, tu dis ?

-Oui, avant j’étais une poupée et il m’a donné la vie…Il s’appelait Hugues Devin.  

-Poupée, tu es recouverte d’une pellicule de poussière, tes cheveux sont emmêlés. Puis-je m’occuper de toi ?

-Oh bien sur. 

Suzie m’ouvrit la porte, je découvris une jolie salle de bain décorés de mosaïques, et de coquillages incrustés. Une coiffeuse, une baignoire en ivoire, un lavabo en forme de coquillage… Je fis couler un bain. Je déshabillais la poupée. Elle était plate et diaphane, les fesses bien rebondies, et des petits seins pointues. A la place de son sexe elle avait une petite serrure en or, toute étroite.

-Où est la clef ?

-Interdit de me toucher ! 

-Mais non, mais…

-Elle est égarée dans le jardin…

-Si tu te fais belle, elle rentrera peut être. La tu n’es pas très belle, tu es toute sal ! 

J’ai mit la jeune fille dans l’eau, et je la nettoyai avec du savon. Son bain  moussait, elle jouait insouciante avec un poussin en plastique. Je l’enroulai dans une grande serviette pour la sécher. Et elle s’assit devant la coiffeuse, sa serviette tomba à ses pieds. Je coiffai sa chevelure. L’a maquillé : du rouge à lèvre, du mascara, du bleu aux paupières, et du rose aux joue car elle était si pâle… Je la parfumai d’eau de roses. J’ouvris le placard et découvris de belles toilettes. Elle enfila une petite robe corset bleue pâle. Je serrais le ruban de soie dans son dos pour ajuster sa robe.

Tu ne sors jamais dehors ?

-Si la nuit, je fais de la balançoire, et je cueille des lucioles.

-C’est comme ça que tu as perdu ta clef ?

Elle rougit.

-En fait, ma clef est libre, elle est une abeille, elle vole, et butine…Mais je suis trop jeune pour…

-Mais ton inventeur est mort, il y a deux cents ans, tu es donc très âgé ! Tu ne grandiras jamais. Tu n’as jamais rencontré le loup ?

-Au printemps j’en ai le désir, tant que c’est douloureux. Si ma clef vient en moi, je vais tomber enceinte et mourir à l’accouchement. Car c’est une abeille.

Mais cette nuit là Suzie sortit faire de la balançoire, elle était si belle, si désirable. Elle ne portait pas de culotte. Elle n’en avait jamais porté, elle n’en avait pas…Elle se balançait, on voyait sa serrure. La clef en forme d’abeille s’envola vers elle. Suzie l’entendit bourdonner alors elle s’enfuit, courut dans les bois pour lui échapper, mais buttant sur une racine, elle trébucha. Ses fesses étaient à l’air. L’abeille s’introduit dans sa serrure. Et tourna en elle, provoquant des clicks. Des gouttes de miel coulaient sur ses jambes…Elle pleurait parce qu’elle allait mourir, mais l’abeille lui faisait du bien. Une chaleur montait en elle, et elle s’abandonnait, frissonnante sur l’herbe fraiche…

Suzie qui était plutôt maigre, pris de jolies rondeurs sensuelles a tel point que sa robe craqua et j’ai du l’agrandir. Ses seins doublèrent de volumes. Son ventre était tout rond. Elle n’aimait pas son nouveau corps, elle tentait en vain de se diluer dans le bain mais rien à faire. Si elle n’avait pas rencontré l’abeille, elle aurait pu vivre éternellement mais les printemps passaient, et c’était de plus en plus difficile de résister à l’envie. C’était une souffrance. C’était comme mourir de faim. Son désir était enfin comblé. Elle finit par accepter sa situation, se dit qu’elle allait mourir en paix, sereinement, et qu’elle allait donnait la vie. Elle vivrait à travers cette enfant. Et puis, elle avait déjà vécu plus de deux cents ans. En attendant je m’occupais d’elle, je lui préparais à manger, je la nettoyais comme si elle était ma fille. Elle était encore une enfant et aimait jouer. Elle jouait avec son ami imaginaire, Gaspard le fantôme. Elle ne voyait jamais le jour, son monde était peuplé de créatures de la nuit. Son monde était plus obscur que celui d’un enfant normale. Elle avait adopté ses peurs. 

Elle était allongée sur le lit, les jambes ouvertes. Elle accoucha d’une petite poupée. Elle  lui ressemblait. Sauf qu’elle était beaucoup moins pâle, et elle avait des cheveux noirs. Elle n’était pas albinos. Je posai ma main sur les joues de Suzie, ses paupières se fermèrent, et la mort l’emporta dans son sourire. Je pleurais sur sa joue. Une larme glissait sur son visage, son cou, puis entres sa poitrine blanche. Une larme brillante comme du diamant. Je pris la petite fille dans mes bras et je l’ai appelé Emeline. Je me suis occupée d’elle. Mais je ne voulais pas vivre dans cette maison, dans l’obscurité. Emeline n’était pas albinos, elle s’épanouirait au soleil, elle était venue vivre avec moi, je lui avais aménagé une chambre, elle avait pleins de jouets. J’avais accroché à un arbre une balançoire. Je lui avais appris à lire et à écrire. 

J’ai enterré la belle Suzie dans son jardin, avec des violettes. Je gravais sur la stèle :

- Une âme pure, presque transparente vivait recluse…

J’avais juste mangé un fruit et la porte s’était ouverte. J’avais découverte une âme d’enfant au fond d’elle-même. Toute petite, belle, et joueuse.

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