Princesse Melissandre

Sur le petit écran de télévision je regarde Mélisandre dans son monde en noir et blanc. La télé grésille, des rayures sillonnent parfois l’écran. Mélisandre n’est pas réelle, c’est un personnage de dessin animé. Dessin animé japonais. Elle a deux longs cheveux noirs, brillants et raides. Un visage diaphane. Un air rêveur et mélancolique. De grands yeux avec de longs cils. Elle est vêtue d’une robe en dentelle, avec un lacet devant, pour faire jolie et ajuster ce vêtement à son corps si longiligne. Elle chante d’une voix cristalline, et danse dans le générique. « Princesse Mélisandre n’a pas peur des dragons qu’elle rencontre dans son voyage initiaque. Elle va dans la forêt alors la sorcière peut l’observer à travers la boule de cristal et lui jeter de vilains sorts… ». Dans le futur les écrans de télévisions seront plus grands, il n y aura même plus d’écran, l’image défilera en couleur sur mes murs (tapisserie fleurit) mais ce ne sera pas des couleurs réelles. Chaque film aura son univers coloré. On inventera même des couleurs, des nuances à l’infinie. Les personnages, les paysages, la pluie, la neige sortiront du mur, fantomatique. Les arbres seront dans mon salon le temps d’une séance, mon petit chat passera au travers. Il ne pourra pas grimper aux arbres. Le cheval fantôme galopera dans mon escalier. Mélisandre aime plonger dans la rivière, les poissons nageront dans la pièce. Je serai moi aussi dans son monde aquatique. Je sentirai la pluie, la neige, le vent. Les pas de Mélisandre craqueront sur mon plancher, elle viendra déposer une bise sur ma joue, elle me laissera une trace odoré. Longtemps après la fin du film. Sa peau sera douce et tiède. Les odeurs aussi nous pourrons les sentir. Les odeurs seront synthétiques et les couleurs seront en harmonie à elles. La musique renforcera l’atmosphère…Je humerai la potion magique de la sorcière…La fumée embuera mon visage. La télévision m’offrira une vie parallèle, plus onirique.  J’aime les filles mais cela ne se fait pas…Alors j’aime les rêver. Je n’aime que celles sur le papier glacé des magazines. On dirait de jolies fées inaccessibles…Elles ne sont pas réelles, elles vivent dans l’autre monde. Mais moi, je ne suis pas adaptée à cette autre monde, je suis privée de certaines sensations, seul ma vue et mes oreilles sont en éveilles. Il neige mais je n’ai pas froid. Elle se parfume, je ne le sens pas…Son monde est en noir et blanc mais un jour il sera en couleur, des couleurs qui n’existent pas dans la nature.

Il neige, Mélissandre glisse gracieusement sur le lac gelé. Sa robe, ses cheveux tourbillonnent…Elle passe sur mon écran comme une tornade. Ses cheveux me fouettent le visage. La glace se craquèle, se fissure…Et la voila, sous l’eau. Mélissandre est toujours imprudente, elle joue sans penser aux dangers. Ses parents lui on interdit d’aller dans la forêt à cause de la sorcière mais elle ne les écoute pas. Elle aime tant jouer dans la forêt. Les poissons argentés effleurent sa joue.  Elle marche sous l’eau, sur le sable volatile entres les algues mouvantes. Son tien se bleuit au contact de l’eau et scintillent, elle semble se transformer en lapis lazuli. Une pierre bleue nuit aux éclats dorés.  La pauvre jeune fille ne peut plus sortir de l’eau, elle remonte un peu, sa tête se cogne contre la glace. On l’aperçoit au travers, la glace scintille au soleil comme du cristal de roche, elle a posé sa main désespérée sur la paroi. Une sirène aux écailles bleues la prend par la main et l’emmène. Les hippocampes dorés  les suivent à la queue leu leu…Elles rentrent dans une grotte, remontent à la surface. Mélissandre reprend son souffle. Se repose sur la rive. La sirène s’assoit sur son trône, une coquille saint jaque dorée géante. La sirène joue de la lyre et chante d’une jolie voix. Mélissandre lui demande d’une voix angoissée.

-O sirène,  j’aimerai rentrer chez moi, mes parents vont me manquer…

La sirène rit

-D’accord demain des l’aube, tu seras chez toi, dans ton lit. Mais cette nuit reste avec moi. Ecoute-moi chanter, danse si tu en as envie… 

Mélissandre se réveilla dans son lit. Elle pensa qu’elle avait rêvé. Mais ses mains étaient ridés comme lorsqu’on sort du bain. Ses larmes étaient glacés, rondes. Et elle portait un étrange bijou. Serré autour du cou, comme on porte un collier de chat. C’était sans doute un présent de la sirène. La chaine était une tresse fait avec des cheveux. Une perle bleue y était suspendue.

Elle se leva, alla sur son balcon, la neige tombait, elle frissonnait. Son amie la colombe se posa sur sa main et en voyant son bijou, lui révéla un secret…

« Tu es allée encore dans la forêt, coquine ! Et tu as rencontré la sirène du lac. Je reconnais ce bijoux il appartenait à une jeune fille, elle s’appelait Océane. La mère d’Océane est morte d’une tuberculose. Océane a coupé une mèche des cheveux de sa mère. Elle a fabriqué ce bijou. C’était un symbole d’affection, il symbolise un lien très fort avec sa mère disparue… Cette jeune fille s’est donné la mort, elle s’est noyée dans le lac, elle ne savait pas nager. Mais comme elle était si jeune pour mourir et tellement pur que les Dieux l’ont métamorphosés en sirène. Lorsqu’on se promène sur les rive du lac, on l’entend parfois chanter…Mais tu sais, elle s’ennui toute seule. Elle aimerait reposer en paix. Les fantômes ne sont pas heureux. La légende dit qu’elle doit sauver quelqu’un afin de reposer en paix. Océane est au ciel à présent, et elle t’a offert ce qu’elle avait de plus chère pour te remercier. Pour elle tu l’as sauvé aussi… »