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22 juin 2012 5 22 /06 /juin /2012 10:14

 

 

« Le luth qui console votre esprit n'est-il pas du même bois que celui qu’on creuse aux couteaux? » Gibran Kalhil

 

Il avait abandonné sa guitare sur la plage. Dans le vent elle gémissait. Au rivage on écoutait sa musique plaintive. Et la mer munie de griffes s’approchait d’elle. Menaçante. Son corps partirait. Le garçon connaissait ses accords parfaits, il savait comment pincer ses cordes. Ils avaient eu l impression de flotter sur un nuage. Elle et lui ne faisait plus qu’un.

 La marée haute l’emporta. Dans les vagues elle ressemblait à un petit bateau. Elle avait le ventre éventré. Sa plaie ne c’était jamais refermée.

Le jeune homme s’enfuyait. Suffoquant. Les longs cheveux noirs dans le vent, les grands yeux bleus larmoyants. Il était si beau qu’on le pensait dessiner par un mangaka. Il était tout droit sorti des pages d’une bd. Il était totalement perdu. « Où trouver ma place dans ce nouvel univers ? » Il alla sur l’extrémité d’une falaise, sous son poids, pourtant léger, les roches se fendirent. Il formait avec ses bras et sa cape noir, des ailes. Il pensait savoir voler. Il délirait. Il s’écroula. On retrouva le jeune garçon écrasé par terre dans un bain de sang. Les étoiles se reflétaient dans son sang.    

Quelque part dans la tempête, une fille minuscule se noyait dans le tourbillon. Le fond des abimes l’attirait… Si la sirène rêve  de courir dans les champs de coquelicots, les petites filles rêvent d’avoir des écailles de poissons, de nager au fond des océans, d’aller à Atlantide. Ville enfouie où les grands ne peuvent pas aller.

Elle avait rêvé d’être enlevée par le tourbillon,  mais dans le tourbillon elle paniquait, elle se débâtait, a bout de souffle. Elle buvait la tasse. Elle nageait mal dans sa robe blanche. Elle ressemblait un peu à une méduse.

La guitare s’approchait aussi du tourbillon, la jeune fille minuscule, s’agrippait au manche, sa main glissait, il ne fallait pas lâcher. Son autre main s’accrocha aussi. En balançant son corps, ses jambes s’enroulèrent autour du manche. Elle avait la tête en bas. Ses jambes étaient nues, sa robe renversée, ses cheveux peignaient la mer. Elle était à bout de force. Elle hurlait, à tout moment elle pouvait lâcher. Son corps glissait comme s’il était enduit d’huile. Il était si lourd, surtout avec ses vêtements trempés.  Et le bateau s’agitait, tremblait dans la mer déchainée. La fille minuscule réussit à se retourner, elle s’assit sur le manche. Se cramponna à deux cordes. Dans le vent la guitare jouait une musique débraillée. La fille minuscule l’appela ‘la barque musicale’.

Lorsque la mer se calma, la fille marcha le long du manche, son corps était tout frisson. Elle s’approcha de l’antre du bateau. Ce grand trou obscur lui fit peur. Elle ne voulait pas entrer.  Pour aller à l’autre bout de son vaisseau, elle fit l’acrobate, elle marchait en équilibre sur une corde. Elle perdit son équilibre, dans sa chute elle rattrapa une corde, avec l’autre main elle en attrapa une autre. Ses mains glissèrent, elle se retrouva au fin fond du ventre de la guitare. C’était un peu obscur, elle était tombée sur des coquillages. La barque avait avalé dans sa gueule des bouts de choses pour survivre. Il faisait un peu plus chaud à l’intérieur.

 La fille minuscule avait faim. Son ventre gargouillait. Elle essaya de manger les coquilles. C’était difficile à mâcher, un peu dur pour ses dents. Il faudrait trouver d’autres choses à manger. Pas de poissons inoffensifs, c’était trop triste et trop cruelles de les tuer. Elle se nourrissait d’autres choses. Des nourritures de l’âme. En caressant les cordes, en les pinçant elle s’aperçu qu’elle pouvait jouer de la musique. Elle était debout dans le creux de la guitare, la tête en l’air, le visage dans le firmament, les bras levés, les doigts pinçant les filaments. De jours en jours elle progressait. Sa voix cristalline se mêlait à la mélodie. La cage thoracique de sa barque avait une belle résonance. Et des échos répondaient à ses appelles. La fille minuscule se maintenait en vie à des cordes de guitare. Elle s’accrochait à elles. Parfois elle sortait à l’extérieur, et sur la mer calme elle contemplait un visage. Elle aimait discuter.  Elle ne savait pas que c’était son visage dans le miroir.

La musicienne essaya de jouer autrement, d’autres positions. Elle installa chacun de ses pieds sur des cordes différentes au niveau du manche, se pencha vers la plaie de la guitare pour pincer ses mêmes cordes. Le son était beau et différent. Elle essaya d’autres accords. Elle essaya de les enchainer, elle bondissait sur différentes cordes. Ce n’était pas facile de jouer, surtout quand on est si petite. Quel acrobate ! Sur le fil du temps, elle devint virtuose.

Un jour elle trouva une plume flottante sur la mer, elle se pencha sur l’eau pour la cueillir. Avec la plume elle balayait les cordes, elle pouvait enfin se tenir droite pour jouer, sautiller sur le manche, sur les cordes, sur les accords tout en balayant en rythme, avec la plume.

Ses musiques étaient si belles, qu’elle attira les sirènes. Elle avait fait vibrer leurs cordes sensibles. Elles nageaient autour du bateau, chantant elles aussi. Certaines sifflaient dans des coquillages en forme de cônes. 

Un jour la fille minuscule partirait au fin fond des abysses. Elle irait cueillir les fleurs aquatiques, elle en accrocherait dans ses cheveux. Ses jambes se métamorphoseront en queue de poisson. Ses écailles argentées étincèleront dans la mer. C’était son rêve. Un jour elle aussi abandonnerait sa guitare. Son épave musicale s’échouerait sur une autre rive.

La fille minuscule ignorait que les gens la cherchaient. Elle c’était enfuie de son foyer. Le siphon de la baignoire l’avait avalé, elle c’était retrouvée dans la mer. Une mère elle en avait une, elle buvait les liqueurs alcoolisées de ses propres larmes. Les démons avaient pris possession de son corps, elle avait blessé son enfant. Puis regretté. Puis blessé. La minuscule fille errait sur le port ancestral, jouait avec les enfants des rues. Faisait l’école buissonnière. Un jour rentrant chez elle, des hommes l’arrachèrent de sa maison. Son père était un grand musicien, il s’en allait sur les routes avec son groupe, faisait le tour du monde avec ses musiques. Elle ne le voyait plus. Si elle pouvait devenir musicienne, elle jouerait avec lui. Elle serait prêt de lui. 

Un bateau surgissait à l’horizon, il était immense, la fille minuscule était dans son ombres. Les sirènes se cachèrent.

Un homme la repêcha, il était détective. Il récupéra la guitare. La fille minuscule était squelettique, et elle se cachait sous les couchettes, refusant de parler, et de manger. Il l’enferma à clé dans la cabine car elle tenta à plusieurs reprise de se jeter à la mer. La fille minuscule pensait qu’au contact de l’eau, elle se métamorphosera en sirènes, et elle irait dans les palais d’Atlantide.

Le détective retourna la guitare, à son dos il lu ‘Lucien Hisomi’, il se rappelait des faits divers, de l’article qu’il avait lu. Lucien Hisomi à dix sept ans c’était suicidé. Il c’était jeté d’une falaise. Les causes de son mal demeurent inconnues. Il vivait dans une riche famille, sans problème en apparence. Il était aimé, où semblait être aimé. C’était un élève brillant, il étudiait les arts. C’était un enfant juste un peu trop rêveur. Il fallait chercher le lien entre  la fille minuscule et  Lucien. Elle était sur sa guitare. Est-ce qu’ils se connaissaient ?  

La fille minuscule à force de pleurer se dessécha, elle ne mangeait plus, et même plus de nourritures spirituelles. Elle ne jouait plus de son instrument. Elle n’était plus accrochée aux cordes de la vie. Elle ne survicu pas à la traversé.  Elle dépérit. On jeta son corps à la mer, les yeux remplis de larmes. Les sirènes allèrent la chercher, la fille minuscule chanter au fin fond de l’abysse avec elles. Elle devint sirène.  

Un jour sur la surface de l’eau elle vit un beau jeune homme, elle sorti la tête de l’eau. Il lui sourit. Elle lui demanda

« Comment tu t’appelles ?

-Je m’appelle Lucien Hisomi. Et toi ?

-Mélodie. »

Lucien plongea. 


Dans l’eau de là, les enfants tristes préfèrent nager dans leurs rêves oniriques, plutôt que de rester dans l’enfer des grandes personnes. Le cœur ouvert, comme celui d’une guitare. L’hémorragie qui s’écoule.

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commentaires

N
Quelle belle fin! Tu m'as encore une fois emportée dans un bel univers, tu as beaucoup d'imagination et de beaux mots !
F
<br /> <br /> je suis heureuse que ça te plaise<br /> <br /> <br /> <br />
E
Moi aussi j'ai peur de rentré dans un trou noir

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  • : Le blog de fee-noire.over-blog.com
  • : Mon univers sombre et féérique...Je m'appelle Prisca Poiraudeau,une rêveuse gothique, je suis passionné d'art...
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