Tremble
L'arbre que j'aime est contre moi
Il me permet tous les baisers
Que je n'ai jamais pu donner
Aux hommes venues dans mes bras
Nous avons dû dormir ensemble
Mon âme et l'âme de ce tremble
Si loin si loin qu'il ne sait plus
Le grand amour qu'il avait eu
Seule j'ai quelques souvenances
De la singulière romance
Mon Dieu faite qu'il se rappelle
Faite sa mémoire fidèle!
Mais le vent souffle et l'arbre bouge
Et sa voix passe dans mon sang
Elle a la forme du printemps
Et sa couleur est la lumière
Et sa caresse est la rivière
Présence humide de l'amour
Chapelle ardente des toujours
Souvenirs clairs comme le jour
Fleuri sur la terre promise
Grâce au manège de la brise
La pulpe de ma joue et l'ombre de mes yeux
Et cet espèce de cœur fabuleux
Qui palpite au fond de son sexe
Glissent vers une autre planète
Pierre
Ton nom comme un diamant
Lumière d'eau solide
Ton nom comme un caillou très dur
Posé sur la terre fertile
D'où je viens où je vais naissance et mort
Et puis naissance encore
Ton nom debout et soutenant cette demeure
Bâtie pour nous par les oiseaux du ciel
Pierre sur pierre ô la maison
Dans laquelle nous dormirons
J'y changerai mon cri de vierge
Contre le goût de ton sommeil
Mon cœur descendra dans ta bouche
Comme une jarre vide au d'un très doux puits
Et n'en remontrons qu'à la fin de la nuit
Avec cette lourdeur heureuse et balancée
Qu'on toujours les choses comblées
Pierre ton nom c'est un navire
Tout est perdu puisqu'il s'enfuit
Pierre ton nom c'est une étoile
Tout est gagné si je la suis
Pierre ton nom sur les chemins
Tous les chemins perdus qui gagnent le grand jeu
En passant par l'eau claire
Et les bons fruits
Et le climat des oiseaux bleus
Tous les chemins qui montent vers le feu
Lorsque chacun parie pour le mystère
Et que la nuit fait détaler la terre