Je suis à la semblance d’une fille
Mais j’ai les cornes torsadées
D’un bélier et des sabots
Translucides à la place des pieds.
Nue, je chevauche un poème,
Tu découvres un corps dans
La nuit, la naissance d’un
Feu au creux de mon bassin.
Tu dis que je frissonne.
Est-ce que j’ai froid ?
Je suis si émue que
La parole reste au fond
De ma gorge et mon
Chant aussi.
Si j’ai le visage rond et
Lunaire, tu dis que j’ai
Les os sur la peau.
Pauvre animal :
Chagrin du corps
Qui a soif de gestes
Tendres.
Il n’est que le reflet
D’un long sanglot et
Personne ne veut
Regarder le chagrin :
La mort/les os
Qu’il faut cacher par
Les graisses de
Baleine qui pansent,
Qui pansent…
Tu penses…
Soi disant !
Avec ma langue
Râpeuse, je
Lèche le sel de
La peau de l’homme
-poisson.
Des écailles
Qui s’éparpillent
Dans le rêve de la fille
…car lui aussi
Disparaît.
Ce n’est pas la faute
D’un poème, l’encre
Qui coule à mes yeux,
C’est la faute de la
Nuit noire d’un
Enfant inconsolable
Car perdu, loin,
Dans le passé.
Tu as plongé dans
Ma psyché, tu reviens
Bouleversé.
J'ai beau transmuter
Tout ça, je me vide
De mon sang.
Le bélier réclame
une caresse/la
Fille amoureuse n’ose
Pas le regarder dans
Les yeux, elle
Frisonne d’émotion
Et de peur.