La maison se souvient

Le Bon Roi Dagobert, Leonora Carrington, huile sur toile 33,5 X 25,5 cm

Sais-tu qu’elle manque de nous ? De Nous La Maison.

Le passé est un rêve…

Mon père aurait des bois de cerf.
J’ai pour landau les bras de ma mère. Je me tiens Minuscule dans un châle.
Ma mère est vêtue d’une longue robe en forme de fleur qu’une petite fille aurait pu dessiner.
Mon grand-frère en bleu, à la tête dans les nuages ou peut-être en dedans. Une petite sœur le fait naître.
Il y a une lettre et une tresse dans la boite en bois que mon frère est allé chercher dans la chambre. En échange d’envoyer un message à la mer, on a donné à l’oiseau la merveille en cheveux, le merle à entremêlé les fils dorés aux brindilles pour faire son nid.
Grand-mère et grand-père aurait bien un petit quelque chose pour nous aider. Une robe en laine pour l’enfant dans un colis, quelques graines pour manger, du chocolat, du poisson séché, des algues…
Avril est enneigé où nous habitions. Les bouleaux argentés. Je ne sais si nous avions froid ou faim ? Les pieds de la famille sur le plancher, le nouveau-née est en apesanteur. L’escalier que nous empruntions grince sous nos poids plumes.
Sous les ardoises les chauves-souris en hibernation. Un chat aussi gros que l’enfant a déchiré une aile. Une flaque de sang dans le grenier. La tapisserie de la salle à manger a des teintes rouges. Les roses se sont dilués.
L’enfant est chaud comme un petit pain. Des braises dans l’âtre crépitent encore.
La pierre noire mêlée de pépites dorés et de teintes brunes à des reflets sous l’eau.
Sous le bain de la lune, ses rayons sont puissants pour me faire rêver, encore et encore…Pour m’appeler à elle-même, comme si j’étais son âme. Je dois revisiter son labyrinthe avant de faire mes cartons. Je dois revenir. En rêve elle a changé…Des pièces se sont déplacées, il y a des chambres en plus et des escaliers peu sûrs ont grandis…La cave devient souterraine, le grenier cathédrale.
Dans la maison dans laquelle…des fantômes et un ange. Un grimoire caché.
La maison croit que nous sommes ses maîtres et ses maîtresses alors que nous l’avons quittée. Mes parents l’avaient louée et avaient cultivé ses terres. Elle nous ensorcelle comme si nos racines avaient avoir à ses sources souterraines. Dans mes rêves elle me dit souviens toi. Elle n’a pas besoin du merle pour m’envoyer sa missive.
L’oiseau est mort mais son nid aux fils d’or est brimbalé par le vent.
Papa était un cerf, il a perdu ses bois. Maman était faon : elle a des cheveux blancs. Autrefois, une maison m’apprivoisait…Mon grand-frère était déjà grand quand il a quitté le nid.