C’est noël. Des dauphins dans la mer noire,
Istanbul scintille. Tu es vêtue d’une robe rose
Pâle et d’un long manteau neige. Je nage avec
Les dauphins. C’est noël j’allume trois chandelles
Sous l’eau. Sur la plage tu manges des fruits de
Mer et savoures de tes lèvres bleus phosphorées
Une liqueur médiévale au creux d’un Calice.
Tu te réveilles dans ta chambre bleue. Je
Suis dans l’avion. Je suis happée par les lumières
Nocturnes. Je suis flottante dans le hublot, je lisse
Mes cheveux en démêlant les nuages. Dans
Ton miroir rond tu te maquilles, enfiles ta
Peau d’ours polaire puis descend en ville,
Prend un tram, le métro, jusqu’à l’aéroport.
Dans ma valise : ta lettre pliée en quatre sur le sable,
Avec la petite robe noire, un recueil de la poétesse
Angèle Vannier, des maillots de corps, mon polaroid,
Des pulls de laine, un flacon de parfum : Océane.
C’est noël. Je suis dans ma robe bleu océane
Avec une amie aux cheveux pâles. Nous sommes
Dans les vieux quartiers d’Istanbul comme dans un
Rêve. Nous nous sourions timidement :
« Tes yeux clairs scintillent de joie.
Je n’ose pas te photographier,
L’appareil est contre ma poitrine
Dans son écrin bleu-ciel :
Une ancre m’empêchant de flotter »
Sur la plage tu es assise sur un rocher,
Un chandelier sous l’eau te fascine, dos
Rond tu plonges à la manière des dauphins,
Me retrouver. Danser parmi les algues.
Nos photographies flottent en surface.
Ta chambre est bleue. Je suis loin de ma
Maison et de mon corps. Nous sommes
Voyageuses, je l’ai sentie au bord du
Vide, Même-toi, aux Portes d’Istanbul,
Tu me sembles être une déesse au seuil
De l’espace, si tu portes ce croissant de
Lune en forme de dauphin.