Serre tête ou bandeau

Serre tête ou bandeau,

J’aimais me coiffer du bandeau à ma mère. Les cheveux libres mais mit en arrière. Un peu comme une discrète couronne. Ce bandeau était légèrement bondé, en velours noir et des motifs floraux vert-émeraude. Il ne tenait pas bien. Ma mère le rangeait sous la coiffeuse blanche en fer forgé, dans le petit panier en osier dessous le tiroir où les jambes de la coiffeuse se croisaient. Il y avait aussi deux petites brosses rondes en bois et peut-être un peigne noir de coiffeur…Sur la coiffeuse était posée un bouquet de fleurs dans une bulle de cristal. Les fleurs étaient roses, jaunes et peut-être mauves. Il y avait peut-être un papillon posé sur une fleur. L’image de ce bouquet est trouble mais je sais qu’il m’enchantait la vue…Une petite boite en bois posé sur la coiffeuse, des échantillons de parfums, ou des toutes petites fioles…L’odeur avait vieillit et elle était entêtante et toutes les senteurs étaient semblables…Qu’importe le flacon et la couleur du liquide. Mais j’aimais cette boite à parfum de couleurs rouge prune, presque noire avec des motifs à la chinoise. Discrets et dorés. Les objets ont disparus dans les déménagements…Comme un vilain génie qui s’empare des choses. La coiffeuse j’en ai hérité du vivant de ma mère. Et nous avons toujours les deux brosses rondes. L’une démêle les cheveux moins que l’autre. Elle est claire, l’autre est brune. Je préférais la brosse au bois clair. Plus douce. Caressant ma forêt châtain et réveillant la brillance. J’aimais les choses inutiles mais quelque part magique (pour ne dire « enchanteuses »)…La bulle ovale des fleurs fût peut-être cassée…Qui sait ? Peut-être ma mère me le dira. Elle faisait des colorations blondes et avait des shampoings à la camomille et je brossais ses cheveux. Tantôt doux, tantôt de paille. C’était peut-être l’époque où elle portait encore des robes bohèmes. Et se maquillait les cils d’un mascara bleu et aimait le crayon marron pour les yeux. Et la poudre blanche qui sentait le savon et gommait les petites rougeurs de sa peau sensible. Une peau sèche. Elle se démaquillait dans son grand lit blanc de princesse en fer forgé…La lotion posée sur la table de chevet ou peut-être sur la coiffeuse. Et une crème hydratante ou démaquillante. Elle pansait la peau de papa pleine d’acné avec de l’argile. Et il se nettoyait la peau lui aussi avec de la lotion. Peau couleur de terre. Peau solaire à qui il retirait la poussière d’un geste de coton humidifié. Les reflets multiples dans les cheveux par la magie des rayons et l’ombre et la lumière. La fenêtre était ouverte. L’air frai et parfumé d’été s’engouffrait dans la chambre. La chambre à la tapisserie à rayures bleues et verticales. Et au plancher de bois qui grince sous les pas. Mais pas les miens puisque j’avançais à pas de loup, sur la pointe des pieds. Mais j’imagine d’après photos. Je m’en souviens à peine mais remontent les ambiances. Comme une source. Les cheveux des chevaux cascadent sur nos peaux blanches et tannés.

J’ai de vagues souvenirs de bandeau en plastique de couleur fluo. Mais je me souviens plus d’en avoir porté. C’était peut-être mes camarades de classe? Ma mère me faisait des tresses pour aller à l’école à l’aide d’élastique de toutes les couleurs.