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5 septembre 2023 2 05 /09 /septembre /2023 20:47
Nous étions échouées des rêves

Nous étions échouées des rêves

 

Non ma mie,

Je ne suis pas partie,

Mais ne me juge pas,

Continue à m'aimer,

À regarder au-delà 

Des apparences et

Au plus profond

De mes abysses,

Je suis fragile,

Mais s'il te plaît,

Aime-moi telle que

Je suis,

Comprends-moi

Comme je te comprends

Avec le regard du cœur

Seulement les sentiments

Sont des digues

Qui canalisent

Le flot des larmes,

Les flots des émotions,

D’un océan que je

Ne sais pas dompter.

 

Écoute cette chanson,

Que je chante au beau

Milieu de la nuit...

 

Ces chansons

Que j'écoute

La nuit sans

Sommeil

Et où je suis

À la fois folle

Et clairvoyante.

 

Lueur de lucidité

Qui m'a tant brûlé les ailes,

Alors que je me rêvais folle,

Au point de m'envoler

Par les fenêtres

De ce petit nid

De chez moi

Et je Danse et

Je suis désenchantée

Mais je danse en

Sachant que je tombe,

Comme à chaque fois

Au plus profond et

Mes démons me disent

Telles de vilaines comptines

De bien vilaines paroles

Et des élixirs empoisonnés

Mais si Mes Démons

C’était moi contre

Moi-même.

 

Et toi tu arrives,

De l'extérieur,

Tu étais posée,

Sur un nuage...

 

Et toi tu arrives,

Comme tu m'aimes,

Avec les yeux du cœur

Tu as la semblance de l'ange,

Alors je retrouve foi,

Je vois la beauté.

 

Elle était là,

À nos chevilles,

Plus qu'à se pencher,

Pour la recueillir.

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4 juillet 2023 2 04 /07 /juillet /2023 09:55
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19 juin 2023 1 19 /06 /juin /2023 21:14
Paul Delvaux, La Gare Forestière

Paul Delvaux, La Gare Forestière

 

Je me suis installée dans une maison forestière, une ancienne maison de gare. Le train ne passe plus. On nomme ce sentier Le Chemin des Escarbilles en souvenir des trains à vapeur. Ma chienne Neige une chienne husky aux yeux bleus garde la maison de sa voix grave et rauque contrastant avec son apparence douce quasiment angélique. Neige est fine, douce avec sa robe blanche et duveteuse, son fin museau de biche, ses yeux en amande qui semblent maquillés d’un trait de khôl, turquoises et infiniment doux. Ma chienne ressemble à un loup apprivoisé en bordure de forêt. C’est une jolie petite maison assez simple et fonctionnelle avec une cheminée dans la cuisine/salle à manger, un escalier qui mène à la chambre tapissée de roses romantiques avec sa salle de bain et un wc séparé. Une autre porte menant au grenier où j’ai trouvé quelques secrets et mémoires disparues. On a la rivière qui passe à côté, avec une plage aménagée pour la baignade, et un passage pour aller de l’autre côté de la rive, nous pouvons traverser de roche en roche. Je viens souvent avec ma chienne me baigner car je ne sais par quel miracle mais l’eau y est abondante malgré les sécheresses. Le sable est doré sous mes pieds, l’eau est fraiche. Et puis j’adore me balader avec Neige sur l’ancien chemin de fer. En automne je cueille des champignons et des noix. Au printemps des marguerites, des pissenlits, de l’ail des ours pour mes salades. En été des fleurs pour enchanter ma table de cuisine. En hiver du houx et du fragon pour décorer la maison. A noël il neige. Ma vie ressemble à un conte de fées.      

Au retour dans la nuit de chez une amie plasticienne, Marylin, le brouillard flottait au dessus de la route…Ma voiture sous le tunnel d’arbres…Si une dame blanche était apparue au bord de la route je n’aurai pas été surprise avec cette atmosphère fantomatique, cette croix de bois sur le côté, le château qui apparaît suspendue à un duc rocheux…Il ne manquait plus qu’une chouette effraie planant sous l’arche gothique de la forêt.  Neige était calme. Elle dormait sur la banquette arrière de la voiture. Ce n’est pas comme à la maison où elle semble courir après des présences invisibles. Ce ne sont pas des choses malveillantes. Neige semble plutôt enjouée. Je vois la balançoire accrochée au châtaignier se balancer toute seule même lorsqu’il n’y a pas de vent et qu’il fait très lourd en été. J’entends des galopés dans les escaliers et sur le plancher dans les combles. J’entends des rires cristallins déployés au jardin…Je crois apercevoir des petites silhouettes en robe telles de petites dames parmi les arbres puis je pense que ce sont les feuillages mêlés au ciel qui donnent cette impression. Je pense apercevoir le reflet de visages enfantins dans l’eau clair de la fontaine. Je pense percevoir des murmures dans mes oreilles qui me donnent des petits frissons : des chansons comme des berceuses ou des comptines pour enfant…C’est lointain, c’est proche, il y a un écho, ça disparaît…C’est semblable aux murmures de l’eau et des feuilles. Du crépitement du feu.

Dans l’atelier de mon amie Marylin où j’expose mes illustrations et mes livres, nous avons picoré aux chandelles des petits canapés tout chauds sortis du four et nous avons bu du vin blanc. Quand les visiteurs sont partis, elle a sorti les huitres, les crevettes, la baguette, le beurre normand…Nous nous sommes régalées. Quand nous sommes montées toutes les deux à l’étage dans son dressing semblable à une loge d’artiste, j’ai vu entre les vitraux et le miroir une œuvre qui m’a troublée. Assez grande, encadrée dans un cadre en bois, une gare forestière ressemblant à ma maison. Mais une scène qui se déroule dans le passé : à l’époque des locomotives à vapeur. Sur le dessin : deux fillettes, des jumelles de dos sont sur le quai de la gare forestière. L’une habillée en rouge et l’autre en bleu.

-Cela ressemble à chez moi, j’habite dans une ancienne gare...Dans la forêt.

Dis-je à mon amie aux longs cheveux bruns. Mon amie n’est jamais venue visiter mon nouveau chez moi.

-C’est vrai que tu habites dans une maison de gare dans la forêt…Je l’ai trouvé à la brocante, il est si beau…

-On dirait l’œuvre du peintre belge surréaliste Paul Delvaux car il dessinait beaucoup de gares…des femmes nues dans les gares, elles sont des fantômes…

-Je ne le connais pas.

-C’est vrai que toutes les maisons de gare se ressemblent un peu …Ce tableau est une fenêtre dans le passé.  

Mon amie me montrait les vêtements un par un qu’elle avait sélectionnés pour moi, et elle les pliait au fur à mesure et les rangea dans un sac. Il y avait un beau manteau un peu long, vert. Une robe en velours violet avec de la dentelle. Des jupes, des robes, des petits chemisiers à fleurs… 

Lorsque je rentre à la maison je songe que j’entre dans une peinture comme celle de chez mon amie. Les amours en cage s’épanouissent à l’ombre des arbres, auprès de la marre, du puits où je puise de l’eau pour le jardin. Lorsque je me suis installée avec Neige à la maison forestière, le jardin était magnifique et naturelle, sans être à l’abandon, avec de nombreux nichoirs en bois pour les oiseaux. L’intérieur était meublé et rénové. Sa table ronde en bois dans la cuisine/salle à manger avec ses poutres apparentes, le bar qui sépare la cuisine, le canapé en tissus violet, la baie vitrée donnant sur une prairie en fleurs cerclée de bois, la belle cheminée en pierre. Un couloir avec des portes manteaux accrochés au mur, un petit meuble pour ranger les chaussures, l’escalier en fer forgé tournoyant menant à la chambre romantique avec son grand lit à baldaquin, son balcon, et sa salle de bain avec une baignoire. Une autre porte, sépare l’escalier qui mène aux combles, deux lits jumeaux, des petits lits-bateaux de largeur 90 cm, une vieille armoire à glace en chêne avec des roses sculptées à même le bois, un bureau d’écolier et une malle. Dans la malle je trouve deux robes d’écolières à col, deux livres identiques de lecture de la classe préparatoire, sur les étiquettes on peut lire: Manon et Eloïse. Un ours brun et un poupon, son biberon. A côté de la malle, une maison de poupées, la poupée installée dans son lit à baldaquin habillée en princesse. Dans sa penderie elle a d’élégantes toilettes…Dans la table de chevet à droite un livre de coloriage, et une photo : deux petites filles identiques en robes blanches, des rubans dans les cheveux, elles ont de longs cheveux ondulés plutôt clairs, et une peau diaphane. Avec les cheveux aux vents, longs et leurs robes un peu flottantes on croit deviner leurs ailes transparentes celles des papillons. Elles sont à côté de la maison devant des branchages d’arbres. Elles ont les yeux clairs comme de l’eau. Dans la table de chevet à gauche un journal, c’est le journal qui appartient à Eloïse, c’est inscrit sur la couverture…La petite fille à une petite écriture très soignée. C’est écrit à l’encre. Je découvre l’encrier et la plume sur le bureau comme si c’était la veille qu’elle avait écrit ces lignes dans son journal qui est un simple cahier à la couverture bleue. La couleur est un peu passée, pâle.  Il n’y a pas de date dans ce journal de bord.   

Je m’appelle Eloïse et ma sœur Manon. Nous avons six ans. Ma sœur Manon ne sait pas lire et écrire mais elle est douée en chant et en dessin. Tandis que moi je suis toujours dans les livres. C’est moi qui lui lis des histoires. Mais notre maman et notre papa nous en lisent aussi avant de nous endormir. On habite à la maison de gare à l’étage car le hall de gare est l’endroit où nos parents travaillent et où on croise toutes sortes de voyageurs…

*

Lorsque mon papa est monté dans un train, il n’est jamais retourné chez nous. Maman dit qu’il est parti avec une femme gantée et à chapeau et son chagrin est inconsolable. Mais qui est cette inconnue ? Nous sommes tristes mais nous ne voulons pas inquiéter notre maman et nous voulons lui apporter du bonheur. Papa me manque mais il n’est pas gentil de nous avoir abandonné. Il ne mérite pas notre tristesse.

Lorsque ma petite nièce Aurélie âgée de 6 ans est venue à la maison, c’était un peu pareil que Neige, elle percevait les deux fillettes qui se montraient à elle et Aurélie jouait avec ses amies qui n’étaient pas tout à fait imaginaires…Aurélie laissait des offrandes : plumes, bonbons dans des cachettes secrètes au creux des arbres…La husky enjouée jappait et tournoyait sur elle-même. Dans les combles Aurélie se déguisait avec leurs robes d’autrefois et jouait à la poupée dans la maison de poupée ou bien au bord de la rivière où elle jouait à la dinette…C’était étrange car si je percevais son rire, j’entendais aussi le rire de deux autres qui cascadaient dans la forêt. J’avais peur qu’elle disparaisse déguisée ainsi et l’esprit dans ses jeux, dans son imaginaire…Disparaisse dans l’eau parmi les reflets des autres ou dans le reflet verdoyant des arbres.  Lorsque j’ai fait un gâteau à la fleur d’oranger Aurélie n’a pas touché à sa part protestant qu’elle n’a pas besoin de manger. Je la voyais dans sa grande robe à dentelles avec son chapeau, le visage blanc car elle s’était maquillée devant ma coiffeuse avec la poudre de riz et mit de la confiture de groseille pour rosir ses joues. J’étais vêtue de la longue robe de mon amie plasticienne un peu intemporelle et je pensais toujours à la peinture, une fenêtre, un reflet déformé de ma vie qui est entre les deux mondes. Je m’attendais à voir surgir la locomotive dans mon jardin avec ses voyageurs, des voyageurs d’une autre époque…

*

Marylin était passée me voir, je lui ai offert un thé au jasmin dans un joli service. Elle m’a offert ce tableau que j’ai accroché aussitôt au-dessus de la cheminée…Nous l’observions :

-C’est vrai que la maison dans la peinture est identique à ta maison, il ne manque que le chemin de fer, les locomotives, les voyageurs…

-Les petites jumelles ne prennent jamais le train, elles demeurent là…D’après ma petite nièce Aurélie : c’est Manon qui chante d’une voix cristalline et dessine sur le sable…Alors qu’Eloïse fait la lecture… 

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14 juin 2023 3 14 /06 /juin /2023 08:11
La maison Maritime

J’écris un conte avec des reflets autobiographiques. Des reflets sur les eaux. C’est peut-être le conte de ma vie rêvé. Où on retrouve le tapir (le baku dans les légendes japonaises) qui mange les mauvais rêves.

J’ai dessiné Lîla à côté d’une maison longiligne. Lîla le chat blanc aux grands yeux verts. Lilas était un chien du camp américain de Fontenet, il s’est donné à mes arrière grands-parents maternels. Ma grand-mère Rolande était une jeune fille. Sur la photo elle est avec Roland son petit frère de 18 ans de moins qu’elle. Il y a le chien Lilas sur la photo.

 

Le vendredi 9 juin,

J’ai rêvé que maman et moi retournions à la maison à Angoulins. Le jardin était magnifique et naturelle. Il y avait pleins de chat au seuil du portail, dont un blanc qui ressemblait à un lapin (Je pense qu’il s’agit de Lîla car je l’appelle mon lapin). Il y avait deux petits renardeaux cachés dans un buisson (est-ce les deux chattes rousses, mère (Fanette) et fille (Sans Queue), un peu sauvages. La maison n’était plus à nous mais nous étions là pour faire du gardiennage. Nous  nous attardions au jardin car nous étions enivrées par la nature foisonnante. La maison était fermée. Maman disait : « Je ne venais pas beaucoup dans le jardin de devant…Plutôt le jardin de derrière car en robe de chambre les gens pouvaient me voir… »

Elle disait cela dans le rêve comme si mamie était morte dans cette maison à Angoulins et qu’elle avait vécue ici et que c’était son jardin(en vrai, à la mort de papé, maman a aidé mamie à l’entretenir). Il y avait un jardin potager devant la route (Le Chemin des Genêts est une impasse pour les voitures mais pas pour ceux qui se baladent à pieds) et la voie ferrer. Et il y avait un jardin devant la mer, caché des passants, qui n’était pas un jardin potager. Avec une table de jardin sous le murier. Ce rêve parle aussi de la phobie sociale de maman qui est aussi la mienne.    

C’est ce rêve qui me donne des idées d’écriture, j’écris un conte de ma vie, une vie rêvée, un peu idéalisée même si par moment le cauchemar remonte à la surface : la tempête, l’eau dévastatrice(le raz de marée)…Les fantômes c'est-à-dire les proches disparus sont là et bienveillants tel des anges protecteurs. Les animaux chamaniques aussi…Je suis un peu de l’autre côté.  

Je me suis dessinée comme une petite poupée Barbie, toute fluette, en pantalon patte d’éléphant et un petit top violet. Recueillie. Je ressemble à la collégienne que j’étais. C’était à la mode les pantalons pattes d’éléphant et les petits hauts très féminins. Le chat est plus grand que la demoiselle dans les proportions. C’est une grosse boule de poil d’amour. Il y a un pin parasol dans le jardin, est-ce la symbolique de l’arbre généalogique ?

La fille est sur le sable comme sur un îlot (il peut être recouvert par la marée) entourée de coquillages (trois coquilles Saint Jacques et un autre coquillage en forme de spirale) mais le reste est baigné dans le bleu du ciel ou océanique. La grande maison semble posée sur l’eau. Elle semble être faite d’eau et de sable avec son devant jaune avec des reflets turquoises. Comme quelque chose qui a été submergée mais réapparait. Je pense au village des Boucholeurs, l’ancien Châtelaillon qui est enseveli sous l’eau. Cette maison à deux fenêtres à l’étage avec des volets qui sont des ailes de papillon (comme dans le tableau de Renée Magritte), la porte d’entrée ovale est reflétée, telle une ombre allongée. Les quatre tiges de coquelicots semblent flottantes. L’autre face de la maison est bleu-nuit, il y a une lucarne ronde au grenier.

On ne sait pas si la scène se passe la nuit ou bien le jour. Car les couleurs sont très claires et lumineuses. Il y a des étoiles dans le ciel. Et la lune rayonne des faisceaux (ondulés) qui ressemblent à des algues. Comme si c’était sous l’eau. Ou bien est-ce une lune qui saigne ?  

On ne sait pas faire la différence entre le ciel et l’eau (ou la terre). C’est un monde onirique. Un monde qui ressemble à la réalité. Un monde où il y a une étrangeté dans l’air.

Dans mon conte il y a une tristesse, une nostalgie (avec la présence de chers disparus ou d’une maison qu’on n’a plus) mais transformée en beauté. Il y a une volonté de s’échapper de la réalité en la réinventant…  En l’enchantant.

La maison Maritime
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13 juin 2023 2 13 /06 /juin /2023 21:27
histoires de méres et d'océan n°4 (suite et fin)

La maison suspendue à la falaise était sous la mer et de l’autre côté du miroir l’âme de Sirénia et les âmes de ses proches vivaient dans un espace temps qui ressemblait à l’éternité…Sirénia n’était plus séparée des gens qu’elle aimait. « La soleil » rayonnait à travers l’eau et même la lune perçait jusqu’à la maison. C’était un monde plus lacrymal et plus sombre mais les plantes phosphorescentes éclairaient telles des lampes de chevets ou des bougies. Il y avait de beaux reflets turquoise et l’ombre mobile des ondulations de l’eau…Les méduses semblaient danser lentement un ballet. Dans le potager les algues et les fleurs maritimes s’épanouissaient, les étoiles de mer se posaient sur les parois de la maison et des vitres. C’était un monde où l’on vivait d’amour et d’eau fraîche.

Sirénia avaient des branchies dans le dos, par trois, au niveau des omoplates et une queue de sirène à la place des jambes avec des écailles violettes. Sirénia avait retrouvé sa voix et elle chantait en s’accompagnant d’une harpe. Elle dormait toujours dans son lit avec Lîla et Dolly.

La baignoire inutilisée était devenue le lit de la vouivre.

Parfois Sirénia chevauchait le tapir et allait à la rencontre de son ami poète, La Rochelle était elle aussi sous les eaux. Ils se retrouvaient au Café de La Paix sous les coupoles peintes dans le style art déco. Sirénia passait sous la grosse horloge. Passait sous les arcanes en flottant puis entrait dans le café aux miroirs. A côté d’eux Georges Simenon était installé autour de la table ronde et écrivait dans un carnet. En les voyants, il les salua chaleureusement et les nomma « Les poètes ». C’était une forme de reconnaissance littéraire.

Sirénia s’installa face au poète comme autrefois. La seule différence c’est que sa chienne l’accompagnait et elle s’était couchée à ses pieds. C’était la première fois que Sirénia la rencontrait. Elle lui caressa le museau. Le serveur était un cheval de mer mais dans l’eau delà il n’avait rien à offrir, il était simplement le gardien des lieux. Ils n’avaient pas d’argent et ils n’en avaient pas besoin. On n’avait pas besoin de payer pour vivre et « exister »… C’était un vrai bonheur. Le monde était à eux.

-Alors comment ça se passe avec ton amie Marylin ?

-Avant le raz de marée, elle était venue avec moi visiter la maison de mes grands-parents…Et elle avait dormi dans la chambre d’ami, une chambre jumelle à la mienne…Elle m’avait aidé à déménager et à emménager. Nous avions fait de grandes randonnées le long de la côte. « La Soleil » faisait étinceler la mer, un peu grise, un peu verte…Quelques coquelicots fleurissaient dans les champs de blés. L’horizon était infini. Le ciel de Charente-Maritime très lumineux et il y avait de somptueux couchers de soleil…Chemin faisant nous parlions du passé, quand nous étions étudiantes. Je lui parlais aussi beaucoup de toi…

Maintenant que nous sommes sous les eaux, elle habite avec moi dans la maison de famille, avec son petit ami, elle dort dans la chambre jumelle…Après tout Marylin est une sœur-jumelle liée par le ciel… J’ai retrouvé mon papa Rodolphe qui n’a plus de problèmes d’alcool.

Son âme est lumineuse maintenant. Ma maman Madeline l’a retrouvé et ils ne se quittent plus.

Je profite de sa présence pour me balader avec lui et écouter des disques de rock mystique des années 70. On rattrape le temps perdu. Ma grand-mère et mon grand-père vivent dans la maison voisine. Je pensais que les bulldozeurs l’avaient détruite mais en fait elle est là comme autrefois…Mes arrières grands-parents vivent à Fontenet. J’apprends à les connaître.

Poète, tu crois que les vivants gardent une trace de nos écritures, de nos livres ?

-Je ne sais pas. Mais les morts la retrouvent cette trace… Répond le poète.

-Les vivants ne s’intéressaient plus beaucoup à la littérature, à l’art…Je ne suis pas sûre qu’ils se souviennent de nous. Nous n’étions pas des célébrités. Et notre correspondance restera secrète. Dit Sirénia d’un air triste et déçu.

-La trace dans l’univers c’est la vibration, l’amour, la passion…Dans l’eau delà c’est inscrit dans la bibliothèque akashique…

La voix de Georges Simenon nous interrompt :

-J’y suis allé, elle se situe dans le squelette d’une baleine…Tout est écrit là-bas…Il y a des milliers de livres, de grimoires…On y perçoit le chant des baleines qui résonnent à une fréquence haute et guérisseuse.

-Monsieur Simenon, qu’êtes-vous en train d’écrire ? Demanda Sirénia qui était intriguée.

-Je réécris un Maigret…Pour les fantômes cette fois ci…Dit-il ironiquement.

-Ah bon la prochaine fois que l’on se retrouvera au café, apportez-nous un exemplaire de votre livre, avec une dédicace ! S’il vous plaît. Demanda la poète.

-C’est entendu ! Avec plaisir ! Belle journée à vous deux mes chers poètes.

Sirénia et le poète quittèrent le café pour rejoindre le tapir, et ils flottèrent sur les quais du port.

-Au fait poète de quoi suis-je morte ? Je ne m’en souviens plus.

-Tu étais dépressive et tu vivais déjà d’amour et d’eau fraîche.

-Ah bon…Il n’y a pas eu de raz de marée ?! Demanda Sirénia.

-Si, mais la mer s’est retirée…Tu es morte peu de temps après.

-Ah oui cela me revient …C’était dans ma baignoire.

-Est-ce à cause de Luciano ce chagrin ? Questionna le poète.

-Oh non j’étais heureuse avec Luciano, il était attentionné, mais j’ai toujours été malheureuse en moi. Maintenant nous sommes libérés…

-Tu crois que nous sommes dans la lumière ? Demanda le poète.

-Sous les eaux…C’est peut-être une lumière alternative. Lui répond la jeune femme d’un air malin.

Elle l’interrogea : Je suis morte avant toi ?

-Tu es morte avant moi malgré ton jeune âge et tu es morte avant ta maman…

-Oui je voulais retrouver mon papa…

-Oui tu le disais dans tes poèmes à l’atelier d’écriture…Tu parlais de l’eau delà.

-Oui mais je ne voulais pas revivre des deuils, je ne voulais pas te perdre et je ne voulais pas perdre ma maman…Je ne pouvais pas survivre à cela…Alors je suis partie avant vous.

-Certes mais tu nous as fait de la peine. J’ai eu beaucoup de chagrin, tu n’imagines pas… Et puis tu pouvais écrire, dessiner tant de choses…Et chanter.

-J’écris, dessine et chante toujours, j’ai même retrouvé ma voix… Je n’avais plus tellement d’inspiration…La tristesse…Le manque de reconnaissance…j’arrivais à un bout…

Sirénia et le poète se quittèrent en se saluant chaleureusement. Le poète s’éloignait dans une direction avec sa chienne et Sirénia à dos de tapir dans une autre…Elle rejoignait sa maison, pour retrouver les siens : Luciano, Marylin, Lîla, Doly, sa maman, son papa, ses grands-parents, la vouivre.

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6 juin 2023 2 06 /06 /juin /2023 17:29
Toyen (Marie Čermínová) ~~ Untitled [collage, c. 1936]

Toyen (Marie Čermínová) ~~ Untitled [collage, c. 1936]

6 juin 2023,

Du haut de ma voûte je regarde Sirénia dans les bras de Luciano. Dans le lit avec le chat Lîla et le chien Dolly. Luciano est un beau garçon aux yeux verts. Il a une sensibilité artistique et il est manuel, ce qui complète un peu Sirénia qui ne l’est pas.

Luciano crée des bijoux, rénove de vieux meubles. Luciano est aussi musicien, il joue de la flûte traversière et de la guitare électrique. Luciano accompagne Sirénia au chant.

 Sur la table de chevet, une pierre d’améthyste semblable à une montagne en miniature rayonne de son aura mauve sous les rayons lunaires. Le vent léger fait virevolter les longs rideaux et les voiles du lit à baldaquin.

Luciano lui apporte son café au lit et des framboises du jardin. Ils prennent parfois leur bain ensemble. Sirénia lui fait des massages avec de l’huile essentielle d’ylang-ylang mélangée à l’huile essentielle de magnolia et d’amande douce.

 

Journal Intime de Sirénia

 

Avant notre emménagement Luciano avait réparé la fuite sous l’évier, changé deux ou trois tuiles de la toiture car il y avait une fuite dans les combles.

Nous avions repeint la cuisine en jaune et le salon en vert. J’avais fait un grand ménage de printemps : les vitres, les miroirs, aspiré les toiles d’araignées, nettoyé les sols…

J’ai fait les cartons dans mon ancien chez moi sous les yeux interrogateurs de mon chat.

Les déménageurs ont transporté les meubles et les cartons jusqu’au Chemin des Roses Trémière N°7 et les ont installés. Luciano donnait les instructions aux deux hommes d’origine portugaise.

Ensuite j’aie défait les cartons et j’ai rangé les affaires : la vaisselle, les condiments pour la cuisine…les livres, les vêtements, la literie, etc.…

J’ai emmené Lîla mon chat blanc dans la voiture. J’ai mis des phéromones dans sa cage et dans notre nouveau chez nous. Il s’est laissé faire. N’a pas pleuré car il a l’habitude de voyager avec moi. Il a exploré la maison toute la soirée et la nuit. Il m’a réveillée car il pleurait. Je l’ai amené avec nous au lit pour l’apaiser.

Un matin en entrant dans la cuisine nous avions aperçu un chien dans le jardin. Il était allongé devant la baie vitrée. C’était un chien de taille moyenne aux longs poils blancs et jaunes. Je suis allée dehors, il m’a léché la main…J’ai remarqué son tatouage dans l’oreille. J’ai téléphoné au vétérinaire qui l’a rapidement identifié avec son ordinateur : sa propriétaire Marguerite Delmas est morte il y a deux jours. Le chien s’est enfui de la SPA. Il s’appelle Dolly.

J’ai donné à boire à Dolly et des croquettes pour chats comme je n’avais pas de nourriture pour chien. Lîla s’est approché de Dolly. Dolly l’a reniflé, puis l’a léché. Lîla s’est frotté contre ses pattes et son museau en ronronnant.

Nous nous sommes regardés Luciano et moi et nous avons pris la décision d’adopter Dolly. On l’a emmené chez le vétérinaire pour s’assurer de sa bonne santé. Dolly est en pleine forme. La vétérinaire, une femme blonde, lui a mis une pipette anti parasites et a désinfecté ses coussinets un peu endoloris : Dolly a beaucoup marché. Puis nous sommes allés à la SPA pour procéder à l’adoption officielle de Dolly. Ils nous ont donnés son carnet de santé. Toutes les vaccinations obligatoires sont à jour.

Il y a longtemps que je rêvais d’avoir un chien mais je n’avais pas de jardin. Je voulais un chien qui s’entende bien avec les chats. J’avais peur que mon chat se montre craintif avec les chiens. Je ne m’attendais pas à tant d’amitié entre les deux espèces. D’autant que Lîla n’a pas l’habitude. C’était une belle surprise ! Un chien tombé du ciel dans notre jardin !

 

Journal d’un tapir,

 

Dans les combles Sirénia a retrouvé son cheval à bascule style slave. Une poupée appartenant à sa mère. Des dessins de sa maman Madeline quand elle était enfant.

Des poèmes de Madeline. Une poupée mannequin (la poupée Barbie n’existait pas encore) avec sa mini armoire à glace et ses toilettes. Sirénia l’a installée dans la maison de poupées, dans la chambre.

Cette maison de poupées en bois est élégante.

Elle ressemble un peu à la maison.

J’ai demandé à papé de la fabriquer. Il avait beau être souvent au jardin il ne me voyait pas…Mais je pouvais lui donner des idées de par les rêves.

« Un chien tombé du ciel ». Ils ne pensent pas si bien dire. Les âmes des animaux peuvent retourner sur la terre pour retrouver leur famille…Lîla le chat aussi…Avant Lîla était un chien. Il s’appelait Lilas. C’est pour ça qu’il suit Sirénia partout tel un fidèle canin.

Sirénia ressemble beaucoup à sa maman quand elle était jeune. Mélancolique. Contemplative. Poétesse. Le plus souvent habillée en noir. Toujours à écouter des vinyles.

Sirénia a retrouvé aussi des lettres qu’elle avait écrit enfant à sa mamie et à son papé.

Des albums photos et aussi des diapositives.

Mamie disait toujours qu’il faut qu’on les regarde tous ensemble…Mais ils n’ont jamais pris le temps. Elle aurait pu détailler les images. Nous dire qui est-ce qui ?

 

*

 

La maison longiligne tel un phare en pleine tempête. La charpente qui grince. Le plancher mouvant. Un vent lugubre. Les vagues monstrueuses dans le jardin. L’océan qui rampe jusqu’au seuil. L’eau entrant dans la maison. L’eau qui monte dans les escaliers, jusqu’au premier étage. Les lits flottent. L’eau de mer remonte par le siphon de la baignoire et la remplit avec des poissons… Les lumières s’éteignent et s’allument toutes seules. Les canalisations font glouglous. Sirénia, Luciano, Dolly et Lîla se sont réfugiés dans la chambre aménagée sous les combles avec la peur que le vent arrache la toiture ou bien que l’eau monte…Assise par terre, la tête entre les genoux Sirénia sanglote, Luciano assis à ses côtés la console.

La maison est tremblante, s’agrippe de ses racines…Le tapir affolé galope sur le plancher. Sirénia croit l’apercevoir. Est-ce qu’il s’est extrait du dessin d’enfant accroché au mur ? La vouivre allume les bougies du chandelier...Ses écailles émeraudes scintillent.

Les fantômes de mamie et papé caressent les joues de Sirénia.

« C’est pour cela que j’ai quitté la maison…la mer m’a chassée…Mais toi tu es revenue. » A dit le fantôme de la grand-mère aux cheveux bouclés.

Sirénia échange des SMS avec sa maman

-J’ai peur. Lui écrit Sirénia avec difficulté, ses doigts tremblent.

-Je savais que c’est une mauvaise idée d’acheter cette maison avec les changements climatiques…Lui répond Madeline sa mère.

-Oui mais je me sentais déracinée avec toutes les maisons qu’on a habitées, qu’on a louées…Des maisons de famille qu’on a vendues pour presque rien. Celle de mamie et papé détruite. Celle de mes arrières grands-parents demeure encore vivante et la mer me manquait…Il était tant de revenir y habiter avant que des promoteurs immobiliers la casse pour en fabriquer une autre : villa sans âme pour les milliardaires.

 

-Oui mais la mer est dangereuse quand elle se démonte. Elle est si lunatique et la falaise s’effrite. Des morceaux de calcaire s’éboulent sur la côte et mangent le jardin du devant. Si tes ancêtres ont acheté cette maison c’est qu’à l’époque c’était bon marché. Cela ne se faisait pas d’habiter trop proche de l’océan. Les gens trouvaient ça fou !

-Les mers sont souvent lunatiques ! J’aime être confrontée aux éléments. La maison sera mieux  sous les eaux avec nous…Elle ne voulait pas de ces étrangers chez elle. C’était étrange pour elle…Elle m’appelait dans les rêves.

-Je ne veux pas que la maison devienne ton tombeau !

-Les secours sont en route, ne t’en fais pas maman, cela va s’arranger…

 

*

 

La vouivre est en colère après l’océan

-Veux-tu redescendre ?! Reste à ta place ! Tu vas enfouir tout le village et ses habitants. Descend !!!

L’océan se déchaine avec de grosses vagues qui éclaboussent dans l’escalier.

-Si tu montes encore, tu vas tuer tes propres enfants !

-Les pôles fondent, je n’y peux rien…Les enfants maltraitent mer nature. Semble répondre l’eau qui s’engouffre d’une voix lacrymale.

-Tu as déjà chassé les habitants d’Aytré…Calme toi !!!

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31 mai 2023 3 31 /05 /mai /2023 18:48
Histoire de Mére et d'océan n°2 (suite)

La coccinelle bleu-nuit traversait le tunnel dans la forêt. Une buse planait sous les arches. Les feuillages verts ressemblaient à des vitraux sous la lumière de « La Soleil » qui perçait à peine…Sa sœur angélique était assise à côté d’elle sur le siège passager. Sirénia et Marylin s’étaient retrouvées depuis seulement quelques mois. Une musique planante flottait dans la voiture. Une voix aérienne féminine sur une musique tantôt douce, avec le son d’une contrebasse et d’un cor, tantôt plus intense et mélancolique avec des rifts de guitares électriques.

Après plus d’une heure de trajet, elles apercevaient la mer grise et déchainée au-delà des pins parasols. La dune balayée par le vent. La voiture emprunta Le Chemin des Roses Trémières, au numéro 7 les grilles du haut portail en fer forgé étaient fermées. Une pancarte « A Vendre ». Les coquelicots poussaient librement dans le potager en friche. La maison longiligne était fermée. Les volets telles des paupières closes. La vigne grimpante s’agrippait à un pan de mur de la maison, encerclant la porte d’entrée et son escalier. L’océan Atlantique frappait les rochers en bas, l’eau éclaboussait…Les mouettes se détachaient dans ce ciel gris et nuageux. Sirénia se gara. Aussitôt dehors les demoiselles apprécièrent le vent maritime qui caressait leurs joues et transportait avec lui la senteur océanique.

 

Journal de Sirénia,

 

27 mai 2023,

L’agent immobilier a mis les clefs dans une enveloppe que j’ai rangées dans mon sac à main. La grille a grincé sinistrement. Un lapin blanc s’est enfui en bondissant. S’est caché dans le buisson. Comme dans le rêve nous nous sommes attardées dans le jardin naturel parmi les hautes marguerites, les coquelicots. Deux papillons tournoyaient. Puis nous nous sommes approchées de la mer... Nous avons descendu l’escalier abrupt et nous avons escaladé les roches…Nous recevions des gouttelettes d’eau de mer sur le visage et les mains. Il me semblait que la haute falaise a plusieurs facettes, certaines facettes étaient dans l’ombre, d’autres étaient éclairées par « La Soleil » : blanches et éblouissantes. Un artiste aurait pu en faire un croquis. Il y avait des fossiles incrustés parmi les strates mais on ne voyait pas les détails. Dans les cils transparents de Marylin : trop de soleil, trop de distance : dans les miens c’était pareil.

*

De la lumière s’écoulait de la lucarne du haut de l’escalier en colimaçon. La poussière dorée tourbillonna dans ce faisceau lumineux. Ce n’était pas rapide comme les chutes d’eau des cascades. Cette cascade de lumière était suspendue, en apesanteur. A l’image de la métaphore d’un temps non linéaire : ça tournoie en ronde vers le haut puis le bas. La poussière se dépose lorsqu’elle en a envie. Et peut-être après le repos, si nos pas meuvent légèrement la plancher, peut-être elles s’envolent… les particules. C’est sensible tel le battement des ailes des phalènes.

Puis un gros nuage s’est déplacé rapidement dans le ciel, le faisceau a disparu. On entendait le murmure de la mer. Une toile d’araignée semblable à un attrape-rêve.

Nous nous sommes séparées dans ce hall, tu as ouvert la porte du couloir, un long couloir obscur qui avalait ta silhouette en longue robe comme il absorbe les fantômes et moi je suis montée dans l’escalier, attirée par les hauteurs. J’aime visiter seule les maisons car c’est mystérieux. Cela fait si longtemps : je ne retrouve pas les souvenirs. C’est une maison qui était inhabitée, cela se ressent dans son atmosphère. La maison est une grande dame avec un grand potentiel mais il faudra prendre soin d’elle, faire quelques rénovations, l’aérer un peu, repeindre un peu ou tapisser, faire un grand ménage de printemps, la meubler, la décorer…Lui redonner un peu de vie et de joie grâce à nous. Je fais grincer le plancher. J’aime les craquements des vieilles maisonnées, elles ont leurs vies, leurs mystères, leurs gardiens, leurs fantômes. Je faisais glisser mes doigts sur la rampe. Le premier étage dessert deux chambres jumelles, l’une à côté de l’autre avec un balcon en fer forgé donnant sur la mer. L’une est tapissée de petites roses mauves, l’autre est tapissée de petites fleurs bleues ressemblant à des véroniques. Elles ont toute les deux une cheminée condamnée, une salle de bain voûtée, une sirène sculptée sur la clef de voûte, éclairée par des vitraux émeraudes avec une baignoire aux pieds palmés. Un lavabo en forme de coquille Saint-Jacques. La mienne, celle de mon enfance était celle de droite, celle aux fleurs bleues. Elle fût aussi celle de ma maman. La sirène de la salle de bain ressemble à une vouivre, elle est d’origine…Alors que dans l’autre chambre la sirène à une queue de poisson : la sculpture est plus récente, elle avait été restaurée. Une troisième porte en face des deux chambres mène au grenier. Malheureusement c’est fermé à clef et je n’ai pas la clef. Dans mon enfance c’était un grenier aménagé en chambre. Cette chambre mansardée était grande et nous servait de salle de jeux.

Je suis retournée au rez-de-chaussée, le soir était déjà tombé. Marylin a fait un feu dans la cheminée. La baie vitrée était ouverte. Je devine qu’elle a passé un coup de balai. Elle a allumé la radio.

J’allais chercher la glacière dans la voiture. J’ai préparé une salade composée au vinaigre balsamique : mâche, tomates, maïs, dés de fromage. J’ai amené aussi une bouteille de clairette de Die.

Avant de manger, nous sommes allées nous baigner. L’eau n’était pas trop froide. Je m’en doutais : quand la mer est agitée : elle est moins fraîche que lorsqu’elle est calme et transparente. J’ai rejoint à la nage le carrelet. Un des rochers nous servait de plongeoir.

Emmaillotées dans de grandes serviettes nous sommes remontées au jardin puis à la maison. J’ai ajouté du bois dans le feu. Nous avons dîné devant la cheminée.

-Te souviens-tu que nous voulions habiter toutes les deux sur une île ? Et avoir une vie de bohème ?

-Oui, je m‘en souviens…Le rêve se réalise…

-Oui même si ce n’est pas une île, notre amitié est similaire à une île.

-Et notre vie aussi…Elle se ré enchante.

-Elle devient magique même si c’est seulement avec l’essentiel…

-Surtout, si c’est seulement l’essentiel...

 

Journal de Marylin

 

28 mai 2023,

Ma guitare bleu-nuit scintillante était allongée sur le siège arrière de sa voiture…Je l’ai amené à la maison…Sirénia m’a accompagnée au chant. Pourquoi tant de personnes la découragent de chanter? Sont-ils jaloux ? Sa voix naturelle n’est pas naturelle, elle est surnaturelle… Ils n’ont peut-être pas l’habitude du rock gothique, de la cold…Sirénia à une voix aigüe, fluette. Elle m’a dit qu’elle est une colorature…Je n’avais jamais entendu ce mot…

Elle n’a plus de voix, c’est faux…C’est une sirène. Sa voix est particulière. Pourquoi tant de personnes la découragent ?! Pourquoi elle les croit?!

J’ai dormi dans la chambre aux roses mauves. A côté de la sienne. J’ai rêvé que la salle de bain était commune aux deux chambres, et il y avait un unique balcon pour les deux chambres jumelles, pas de séparation.

*

 

Lorsque je l’ai retrouvé, en janvier 2023, elle louait une maison avec un escalier en bois, un étage, elle était célibataire et vivait avec son chat. Elle m’a préparée une salade composée. On a bu de la Clairette de Die. Elle a chanté. Je l’ai accompagnée à la guitare. On a fait une balade nocturne dans la forêt.

Le temps a passé vite. Maintenant elle a un fiancé et il a acheté la maison de ses arrières grands-parents (c’est-à-dire la maison voisine à celle de ses grands-parents. Au numéro 6 : elle a été détruite et il y a une maison flambant neuve à la place. Dans celle-ci, au numéro 7 elle n’a pas beaucoup changé mais Sirénia a beaucoup moins de souvenirs d’enfance car elle avait été vendue lorsqu’elle était toute petite).

Elle m’a raconté : Luciano a ouvert le compteur d’eau, a téléphoné à EDF…Sirénia est une artiste. Elle ne sait pas trop bien se débrouiller pour l’administratif ou les choses pratiques de l’existence. Cela lui demande beaucoup d’énergie. C’est presque un handicap. Elle n’a jamais travaillé mise à part à son art. Elle a pourtant essayé…

Comme je la comprends. Au moins, elle, contrairement à moi, est indépendante, elle sait vivre seule dans une maison. Je n’ai jamais habité seule, sauf à l’appartement universitaire mais j’étais très entourée par les amis et très occupée à étudier, à l’amphithéâtre, en classe (les petits groupes pour les travaux pratiques), à la Bibliothèque Universitaire.

A la fac de lettres, dans ma classe, elle avait un joli sourire triste, et sa voix était très douce quand elle parlait. Elle était timide.

Je me souviens de son poème, la chanson de toile : je jouais de la guitare. Dans sa poésie elle l’avait deviné. On venait de m’en offrir une: c’était une guitare sèche.

Dans mon cœur c’était ma jumelle liée par le ciel. Sirénia allait à l’atelier d’écriture.

Elle m’avait redonné le goût d’écrire et elle m’inspirait beaucoup. On tenait chacune un blog.

Dans mon cœur cette fille est ma jumelle liée par le ciel mais nous avons aussi des différences et nous sommes complémentaires. J’adore cette complémentarité. Nous pouvons nous donner ce qui nous manque un peu…Nous équilibrer. Quand nous étions petites Sirénia se sous estimait et ne voyait pas la différence, elle me ressemblait et voulait me ressembler davantage car elle ne voyait pas qu’elle était belle à l’intérieur elle aussi et unique.

Certaines personnes sont de la même famille d’âme et il y a beaucoup de similitudes entre elles…C’est magique.

 

Journal Intime de Sirénia,

Orion était chef de chœur à la chorale. J’avais 15 ans et lui 25 ans. J’étais tombée amoureuse de cette personne. Les longs cheveux noirs. Les yeux en amande comme un asiatique. Le corps fluet. Les mains fines d’un pianiste. Parfois il me regardait avec ses yeux de velours et me souriait. Je pensais qu’il m’aimait…On chantait avec un orchestre symphonique lors des représentations. On s’entraînait tous les jeudi soir et durant certains weekends avec l’orchestre. C’était un oratorio de John Steiner.

J’aimais chanter et il était devenu une fascination pour moi. J’étais trop jeune pour lui : je le savais. Je n’étais pas majeure. Je devais attendre…Mais une amie à moi qui était pourtant plus âgée que moi : m’a encouragé à lui écrire une lettre un peu poétique et m’a aidée à l’écrire. Je lui ai envoyé cette lettre. C’était à la fin de l’année.

Je ne pensais pas qu’il était déjà marié à une femme. Une musicienne comme lui.

La secrétaire de l’école de musique a téléphoné à mes parents. Mamie m’a disputé. Je sanglotais alors elle essayait de me raisonner et aussi de me consoler en me prenant dans ses bras. J’ai eu un sentiment de honte parce que ma mamie était plus sévère que ma maman. Mon téléphone s’est mit à sonner. J’ai répondu. C’était Orion à l’appareil : Il ne m’aime pas plus que les autres personnes de la chorale. Il a une personne dans sa vie. Et je ne dois plus venir chanter dans sa chorale.

Je déchire les posters de lui dans ma chambre. Il est partout, dans mes dessins, il était devenu mon univers. Tout s’effondre.

Je prends un foulard, je le serre très fort…Je m’allonge au lit. Je m’endors.

Ma mère me réveille. Elle me gifle. Elle a eu peur. J’étais toute bleue qu’elle a dit. Ce sommeil était indolore.

Elle m’emmène me balader en campagne. Je ne dis rien.

Je me sens si vide.

Je ne chante plus, je donne ma voix à l’océan…à la sorcière-pieuvre. Je me suis sacrifiée au nom de l’amour.

 

*

 

Maman a trouvé la clef qui mène au grenier. Elle était chez elle dans une boîte à bijoux. Celle en forme de coquillage. J’introduis la petite clef dans la serrure. Je monte l’escalier, Marylin me suit. Les grosses poutres sont une arche inversée. Je retrouve une chambre : ce n’est pas un grenier malgré la poussière et quelques toiles d’araignées. Le lit bateau. L’armoire avec nounours châle dedans. La maison de poupée fabriquée par mon grand-père avec tout le mobilier. Des livres pour enfants rangés dans une bibliothèque. La poupée Barbie princesse Sissi dans sa robe couleur or. La pâte à modeler. Je suis émue. Il reste quelques objets. Des reliques.

J’ouvre la grande fenêtre puis les volets…La mer chatouille les rochers à la côte. Les mouettes crient. Je laisse entrer le vent dans les combles, la maison a besoin d’être aérée. Je retrouve mon livre de lecture entre les contes de fées.

 

*

 

Le lendemain, alors que je suis descendue dans la cuisine, il y avait maman et Luciano. Ils buvaient un café. Luciano m’a fait un baiser sur la bouche.

Il y avait une senteur de crêpes comme lorsque mamie nous en faisait. J’ai sorti les ingrédients du placard et du frigo et j’en ai fait. Farine, œufs, lait d’amande douce, eau de fleur d’oranger… J’ai retrouvé la petite poêle. Je les ai fait sauter pour m’amuser.

 

Journal intime d’un tapir,

 

31 mai 2023,

 

Je suis un des gardiens de cette maison et j’adore les enfants.

Je suis un fourmilier.

Je suis un attrape-rêve.

Dans les légendes japonaises on me nomme Baku.

Les enfants me dessinent avant de dormir, m’installent sous l’oreiller où ils posent leurs petites têtes…Je dévore leurs cauchemars.

Je suis souvent dans le jardin lorsque je ne suis pas dans la chambre des enfants.

J’ai dormi fort longtemps dans ce grenier.

Je me souviens de Sirénia, j’ai veillé sur elle.

J’ai rêvé qu’elle revenait vivre ici.

Je vais prendre soin d’elle comme autrefois.

 

Journal Intime d’une vouivre

 

31 mai 2023,

Laver ses cheveux après les bains de mer. Les démêler. Ce n’est pas facile…

J’ai aidé Sirénia à coiffer ses très longs cheveux de princesse.

Je connais pleins de secrets de beauté et d’amour.

Ou même artistique. Je vis dans la salle de bain.

Je descends à la côte prendre des bains de mer.

Parfois on perçoit un chant cristallin…

On voit d’étranges reflets sous les eaux.

Ce ne sont que mes écailles…

 

(A suivre)

Histoire de Mére et d'océan n°2 (suite)
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31 mai 2023 3 31 /05 /mai /2023 12:02
Balade des arts, ateliers ouverts à Saint Jean d'Angely
Balade des arts, ateliers ouverts à Saint Jean d'Angely
Balade des arts, ateliers ouverts à Saint Jean d'Angely

La Ville de Saint-Jean-d’Angély organise la troisième édition de la balade des arts. Cette manifestation, gratuite, permet la découverte des artistes dans leurs ateliers, ainsi que leurs invités, dimanche 28 et lundi 29 mai de 10 à 19 heures. 12 étapes sur l’ensemble de la ville vont permettre au public de rencontrer plus d’une trentaine d’artistes, au départ de la chapelle des Bénédictines.

 

Les artistes participants sont Farzaneh Valaî Khiabany, Florence Gabard, Stella Pétille, Elodie Migeat, Maud Trolliet, Roman Deschamps Vaidis, Cécile Wattel, Christine Rose, Chantal Boissinot, Marina Mothes, Prisca Poiraudeau, Martine Morand, Alain Morand, Armelle Delaplace, Catherine Goasguen, Christophe Bertin, Nathalie Geoffroy, Avicenne Roussel, Artistes de La Palette Angérienne, Jacky Bellaguet, Etienne de Grati, Les Chevalets de la Boutonne, Laurence Auger, Marie Coutier (Sculpteur), Sand Si Cha, Archibald De Thénice, Denise Meriglier, Chantal Bordessoules…

Balade des arts, ateliers ouverts à Saint Jean d'Angely
Balade des arts, ateliers ouverts à Saint Jean d'Angely
Balade des arts, ateliers ouverts à Saint Jean d'Angely
Balade des arts, ateliers ouverts à Saint Jean d'Angely
A LA Chapelle

A LA Chapelle

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26 mai 2023 5 26 /05 /mai /2023 19:08
 PHILIPPE CHARLES JACQUET

PHILIPPE CHARLES JACQUET

 

L’eau est transparente. Les rayons de « La Soleil » l’ont fait étinceler. On voit les galets sous l’eau. Le soleil fait briller l’or des grains de sable. Les poissons argentés s’approchent de la demoiselle attirés par son aura. Sa robe a des écailles bleues de sirène. Sa voix fut mise en fiole par une sorcière. Par amour on peut se sacrifier jusqu’au sang.  

 

L’ombre de la tour de La Lanterne tournoie sur elle-même, comme si le soleil se déplaçait trop vite. Une nuit qui tombe. Elle apparaît blanche, phosphorescente dans le noir cerclé de nuages. On pourrait apercevoir les marches de l’escalier tournoyant, les cheminées médiévales...C’est un temps hors du temps où toutes les époques se mélangent. Le temps des contes de fées. C’est aussi un basculement vers une dimension surnaturelle, celle d’une autre fréquence…Sirènia est passée par la porte de la tour de l’horloge sans savoir qu’elle est magique. Ses longs cheveux noirs aux reflets bleutés ondulaient à la manière des algues sous l’eau. Sirènia avait les mêmes cheveux que ceux de son papa. Mais elle avait la peau blanche de sa maman. La peau des gens du nord. « La Soleil » était dangereuse pour elle, même si elle aime la présence de cette déesse à la peau qui rayonne de ses faisceaux dorés. Une déesse très haute dans le ciel à la même hauteur que monsieur Lune qui lui était blond et pâle. Sans sa voix Sirénia s’était mise à écrire. Elle trempait sa plume de Corbeau dans ses larmes, dans sa nuit, dans le sang de ses menstrues. Et elle dessinait ce qui la tourmente : les tours de La Rochelle hantaient ses fantômes, elles les retenaient de ses chaînes historiques, de ses drames…Ils ne pouvaient jamais partir dans la lumière. Un jour La Belle Rochelaise, une noire comme « La Soleil » fût esclave de maison, elle était une lumière faible dans les caves, les souterrains sous la ville moyenâgeuse. Ses bijoux volés étaient retournés à l'océan. Ses œuvres au muséum d’histoire naturel.  

 

Dans ce rêve on n’avait pas vendu la maison de famille de Sirénia. La maison de ses grands-parents. Une maison longiligne suspendue sur une falaise. Avec un escalier abrupt pour descendre à la côte. Le figuier était devenu très grand. Il n’avait pas été arraché. Les promoteurs n’avaient pas déraciné la maison. La maison démolie à coup de bulldozeur.  

 

Dans ce rêve le jardin était naturel et splendide. Il y avait des chats au seuil du portail en fer forgé. Un chat ressemblait à un lapin blanc. Deux renardeaux se cachaient dans le buis. Sirénia entrait dans le jardin avec sa maman Madeline. Les volets de la maison étaient fermés. L’envie était d’ouvrir la maison en grand. Faire entrer l’air maritime. Dans l’air renfermé d’une maison close elle retrouverait ses souvenances. Cette senteur de poussière lui dirait : « c’est ton passé ». Un filet de lumière s’échapperait d’un interstice de volet et pour éclairer quoi ? Elle retrouverait les meubles, les objets perdus, les tableaux, les photos…Peut-être les escaliers seraient plus longs et il y aurait de nouvelles pièces à découvrir. Mais on ne se précipitait pas pour ouvrir car le jardin était enivrant et il fallait retrouver les clefs. Il y avait le jardin potager qui donnait sur la route, et le chemin de fer…Et le jardin face au coucher du soleil où l’on aperçoit Fort Boyard et Le Fort Enét, les îles : l’île madame, l’île d’Aix, l’île d’Oléron. Perchées en haut de l’escalier comme des oiseaux, sa mamie lui disait le nom des îles avec son doigt. Comme on peut citer le nom des étoiles et des constellations.  

 

Assise à la terrasse d’un café Sirénia racontait son rêve au poète… 

« J’ai lu que les lapins et les chats ont une symbolique similaire : celle du féminin, du sexe féminin…Le lapin a une symbolique plus ancienne, médiévale…Car les femmes étaient des reproductrices…Alors qu’avec les chats il y a une notion de plaisir… »  

 

Sirénia était en avance, elle était passée devant l’université où elle avait été étudiante. Elle était entrée dans la BU. Avait bu un café au caramel. Rien n’avait changé. Son ange était apparu devant elle. Le même visage enfantin. La neige sur ses paupières en amandes. Les cheveux tournoyants des filles de jadis. Comme si elles ne s’étaient pas vues depuis longtemps, la fille angélique lui dit d’un air enjoué et surpris : « Ma fée, tu es là ! Tu es revenue ! ».  La jeune femme fée : « Je ne t’avais pas abandonné, je n’ai rien oublié… »

 

Un peu ensommeillée et lunaire, elle traversa la passerelle pour s'éveiller des rêves, jeta un œil à la mer.

 

 

a suivre

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24 mai 2023 3 24 /05 /mai /2023 08:10
Lady Morgane

Lady Morgane,

 

 

Morgane est une artiste semblable à une fée médiévale avec ses longs cheveux noirs et vêtue de ses longues robes. Depuis l'enfance Morgane est sensible à l'époque médiévale, le mystère, le merveilleux, la féerie, elle l'exprime tantôt par la photographie et par la danse, elle propose des shootings photos de toutes sortes et de toutes demandes mais toujours dans son style onirique, merveilleux, en grande osmose avec la nature et ses êtres magiques. La nature et les animaux la ressourcent, elle se balade et observe : son œil de photographe capture une lumière singulière, une couleur, un reflet d'eau émeraude....Ses photographies sont intemporelles. Ce sont des balades en forêt où des élémenteaux se dissimulent peut-être....Les images sont de la magie: le monde naturel nous enchante. Elle tient un point d'honneur à ce que cette nature soit préservée et respectée alors vous y trouverez toute sa magie.

 

article rédigé par Morgane et Prisca

Relecture de Sélène Wolfgang

Lady Morgane
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  • : Mon univers sombre et féérique...Je m'appelle Prisca Poiraudeau,une rêveuse gothique, je suis passionné d'art...
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